Chères lectrices, chers lecteurs,
En cette mi-juin, impossible de ne pas évoquer la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue, à très brève échéance, d’élections législatives anticipées. Celles-ci sont sur toutes les lèvres, dans tous les médias. À raison. Car nous sommes, nous le savons, potentiellement à l’aube de changements politiques majeurs.
Dans ce contexte, l’action publique se retrouve de fait littéralement suspendue. Ainsi, le projet de loi sur la fin de vie, en plein cours d’examen, est pour l’heure rendu caduc, et l’avenir de la réforme ne saurait se lire autrement qu’à l’aune des résultats des 30 juin et 7 juillet. Même constat du côté des arbitrages attendus pour le secteur du grand âge, au premier rang desquels l’élaboration d’une loi de programmation. Fin mai, la ministre du Travail, des Solidarités et de la Santé révélait, à la surprise générale, que le Conseil d’État n’avait finalement jamais été saisi pour valider la constitutionnalité d’une telle mesure. Difficile, dès lors, d’imaginer un gouvernement sur la sellette faire preuve de proactivité en la matière.
De même, s’il semble illusoire de voir la question du grand âge érigée en priorité des programmes de cette campagne express, il n’en reste pas moins que ce scrutin représente l’occasion de remettre un autre débat sur le devant de la scène. Celui de l’exercice du droit de vote chez les résidents d'EHPAD. Car bien que protégée par la « Charte des droits et libertés de la personne accueillie », l’effectivité de cet exercice relève encore bien trop souvent du parcours du combattant – tant pour les usagers que pour les gestionnaires d’établissements. Les difficultés à se déplacer, ou à réaliser des procurations, menant ainsi à une exclusion civique subie, pour des générations pourtant attachées au droit de vote. En témoignent les chiffres de l'Insee et l’abstention constatée au-delà de 80 ans(1).
Et si chacun est évidemment libre de s’abstenir, le problème se pose « lorsque la non-participation au vote ne relève pas d'un choix, mais plutôt d'un sentiment d’incapacité » rappelait Jean-Philippe Viriot Durandal, sociologue à l'Université de Metz, sur Europe 1, en marge de l’élection présidentielle de 2022.
En attendant que des bureaux de vote s’installent au sein même des EHPAD – comme suggéré par une proposition de résolution visant à faciliter le vote des résidents dans les EHPAD, présentée en septembre 2020 par le député LR Stéphane Viry –, il semble donc essentiel de mener des actions pour reconnecter nos aînés à leurs rôles de citoyens. Bien que peu nombreux, des outils existent. C’est le cas du kit d’animations prêtes à l’emploi, développé par le Cercle Vulnérabilités et Société pour « (re)donner le goût du vote, de la citoyenneté et de l’action politique aux personnes en situation de fragilité mentale (handicap, maladie neuro-dégénérative, troubles du vieillissement, etc.) », toujours disponible en téléchargement sur le site du Think tank(2).
Alors, aux urnes citoyens !
Bonne lecture.
1 - « Vingt ans de participation électorale : en 2022, les écarts selon l’âge et le diplôme continuent de se creuser », Insee Première • n° 1929 • Novembre 2022
2 - https://www.vulnerabilites-societe.fr/mavoixcompte2022/
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Ehpadia #36 - JUIN 2024
Publié le Mardi 18 Juin 2024 à 16:38
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