En mars 2020, alors que la France se confine et que les résidents d’EHPAD voient leur horizon se resserrer, à Vilanova, les masques tombent et les repas se prennent en commun dans les salles de restaurant « Belle vue » et « Belle terre ». Derrière ce quotidien en apparence inchangé se cache pourtant un inhabituel huis-clos. « Personne ne pouvait humainement rester à distance de ses parents. Cela est compréhensible, mais dans la situation d’urgence, le contact devenait mortel ». Devant ce constat et le manque d’équipements de protection pour faire face à l’épidémie de Covid-19 qui s’installe sur le territoire français, Valérie Martin, sa directrice, a en effet pris la décision de fermer les portes aux familles, mais aussi de proposer à ses salariés de s’y installer pour deux semaines. Un confinement volontaire visant à « renforcer la vie, alors que la mort s’abattait de toutes parts ».
« Quarante-sept jours de fraternité, de cohésion et d’audace »
Le mercredi 18 mars à 6h45, ce sont ainsi 29 membres du personnel qui déposent leurs valises au sein de la résidence, devant s’approprier de nouveaux espaces de vie et de nouvelles organisations de travail. S’en suivent finalement « quarante-sept jours de fraternité, de cohésion et d’audace », relatés dans « Moi, Vilanova » Confidences d’un confinement, roman que Valérie Martin a tiré de cette expérience. Il en ressort une farouche volonté de rester optimiste, malgré la fatigue, les journées de travail qui ne finissent jamais vraiment, les troubles des résidents parfois majorés par l’absence des visites qui « deviennent difficiles à appréhender », mais surtout l’absence de « garantie de la finalité de cette idée ». Alors que l’établissement prend des allures de « colonie de vacances, sans les vacances », demeure aussi la peur de transformer cette « bulle protectrice »en tombeau, incarnée notamment par la nécessité de faire signer des directives anticipées aux salariés.
Plutôt que de s’exprimer en son nom, Valérie Martin, a pris le parti de donner voix à Vilanova, l’établissement de 108 pensionnaires qu’elle dirige alors depuis deux ans. Et de tutoyer son lectorat. La forme a de quoi décontenancer, néanmoins le récit parvient à décrire les mécanismes et la chronologie de cette incroyable aventure humaine. Au-delà, il est l’occasion d’aborder nombre de questionnements qui sous-tendent les métiers de l’accompagnement de nos aînés : dotations, contraintes réglementaires, relations avec les familles, mais aussi la question de « la reconnaissance de l’individu âgé », au travers, par exemple, du droit à la sexualité.
- Valérie MARTIN, « Moi, Vilanova » Confidences d’un confinement, Les Éditions Sydney Laurent, 162 pages, 16,90 euros. Dépôt légal septembre 2020.
Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici
Plutôt que de s’exprimer en son nom, Valérie Martin, a pris le parti de donner voix à Vilanova, l’établissement de 108 pensionnaires qu’elle dirige alors depuis deux ans. Et de tutoyer son lectorat. La forme a de quoi décontenancer, néanmoins le récit parvient à décrire les mécanismes et la chronologie de cette incroyable aventure humaine. Au-delà, il est l’occasion d’aborder nombre de questionnements qui sous-tendent les métiers de l’accompagnement de nos aînés : dotations, contraintes réglementaires, relations avec les familles, mais aussi la question de « la reconnaissance de l’individu âgé », au travers, par exemple, du droit à la sexualité.
- Valérie MARTIN, « Moi, Vilanova » Confidences d’un confinement, Les Éditions Sydney Laurent, 162 pages, 16,90 euros. Dépôt légal septembre 2020.
Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici