Florence Fortin-Braud, aide-soignante et autrice

« Je suis aide-soignante à l’hôpital. Rien de très exceptionnel en soi puisque je partage ce métier avec plus de 420 000 autres personnes ». C’est par ces quelques mots que Florence Fortin-Braud se présente en introduction de son dernier ouvrage – et premier livre –, Vieillir, une affaire de femmes ? Femmes âgées dépendantes, aidantes et soignantes. Celle qui exerce aujourd’hui à l’Établissement public de santé mentale (EPSM) du Morbihan ne se destinait pourtant pas à ce métier. Originaire de région parisienne, elle déménage à Toulouse après l’obtention d’un baccalauréat littéraire.

« Je m’étais inscrite dans un Diplôme d’études universitaire général (DEUG) de lettres modernes à l’Université de Créteil, mais les circonstances ont fait que je n’ai pas pu aller au bout de cette formation », se souvient l’intéressée, depuis toujours passionnée par la littérature et l’écriture. Ayant commencé à travailler, Florence Fortin-Braud obtient, en 2002, un diplôme de monitrice éducatrice qui l’amène à exercer au sein de l’association « Les Mirauds Volants », où sont organisés des stages de pilotage d’avions, ULM ou planeurs pour des personnes aveugles ou malvoyantes. « Cette période était très enrichissante, j’ai moi-même commencé à me former au pilotage de petits planeurs », sourit-elle.

Après plusieurs années passées au sein de l’association, la monitrice éducatrice quitte la région toulousaine pour rejoindre la Bretagne. Ne trouvant pas de poste, elle s’oriente vers d’autres métiers, la garde d’enfants dans un premier temps, puis l’aide à domicile auprès des personnes âgées. « En 2012, lorsque mon père est tombé malade, je me suis arrêté de travailler pour accompagner sa fin de vie », ajoute celle qui découvre alors le monde hospitalier et le métier d’aide-soignante.

Diplômée de l’Institut de formation des aides-soignants (IFAS) de Pontivy en 2014, elle entame donc une nouvelle carrière, exerçant principalement dans des EHPAD pour « continuer à travailler avec des personnes âgées ». C’est d’ailleurs après un passage par l’EHPAD de l’établissement que Florence Fortin-Braud entre, en 2016, à l’EPSM du Morbihan.

Si son parcours professionnel est riche en expériences, une constante est restée : sa passion pour l’écriture. « À l’école, déjà, j’adorais écrire, et composais même des poèmes pour mes parents et mes professeurs », se souvient Florence Fortin-Braud. En 2010, alors qu’elle est aide à domicile, elle crée « Vieux et merveilles », un blog pour raconter son quotidien, « les jolies rencontres, mais aussi les aspects plus compliqués du métier ».

Également active sur les réseaux sociaux, elle est rapidement repérée par le site Infirmiers.com, qui lui propose de partager ses textes. Elle est aussi approchée par plusieurs revues, devenant chroniqueuse pour Prescrire et Éclair’Âge, le magazine de la FNADEPA, la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées. Elle est également une contributrice régulière des Actualités Sociales Hebdomadaires où, quatre ans durant, elle tient la rubrique « La minute de Flo ».

« Toutes ces expériences sont intéressantes et me permettent de continuer à écrire, en parallèle de mon travail quotidien », se félicite celle qui constate une réelle nécessité dans la prise de parole des professionnels : « Il est difficile pour les aides-soignants de se mettre en avant, on se sent souvent moins légitime. Nous devons pourtant communiquer, et pas seulement pour faire de l’EHPAD bashing. Certes, notre métier et nos tâches ne sont pas valorisés, mais nous devons aussi pouvoir tenir un discours positif et engageant sur notre profession, tout en restant réalistes ». 

Cette position, Florence Fortin-Braud la porte dans ses écrits, mais aussi dans ses engagements auprès de l’Observatoire du grand âge et de l’Assemblée des femmes, deux associations œuvrant sur des thématiques qui lui sont chères. Elles sont d’ailleurs au cœur de son premier essai, qui s’intéresse aux femmes âgées et à celles qui gravitent autour : les aides-soignantes, les proches aidantes, les directrices d’EHPAD, et même les ministres.

« Lorsque l’éditeur Berger-Levrault m’a proposé d’écrire un livre, je me suis souvenue d’une phrase que Laurence Rossignol m’avait dite quelques années plus tôt : “Il faut profiter de toutes les occasions pour être féministe” », se souvient l’autrice. C’est d’ailleurs l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes elle-même qui a préfacé l’ouvrage, où sont abordées les questions de la dépendance et du grand âge sous le prisme du féminisme. Chiffres, études et témoignages à l’appui, l’autrice y rend notamment compte de la situation en EHPAD, n’oubliant toutefois pas de citer des initiatives « qui font la différence ».

« En écrivant ce livre, j’ai forcément abordé la maltraitance, mais je souhaitais aussi porter l’attention sur des établissements où tout se passe bien. C’est pourquoi je suis aussi allé à la rencontre d’acteurs du grand âge un peu “hors normes”, qui ont eux aussi réfléchi sur la bientraitance, la vieillesse, la dépendance, l’âgisme et le sexisme », explique Florence Fortin-Braud qui, ravie de l’expérience et toujours passionnée par le monde de l’écriture, réfléchit déjà à un second ouvrage consacré au secteur de la santé mentale.


> Article paru dans Ehpadia #38, édition de janvier 2025, à lire ici