Prévues depuis plusieurs semaines, les premières Rencontres de l’Institut Nutrition se sont tenues le 24 novembre dernier dans une version entièrement en ligne. Réunissant quatorze intervenants, qu’ils soient sociologues, médecins, gériatres, nutritionnistes, psychiatre, diététiciens ou encore chercheurs, cette première édition a rencontré un certain succès avec près de 580 personnes connectées pour assister à la remise du Prix de recherche de l’Institut Nutrition ainsi qu’aux divers échanges de la matinée. Trois table-rondes étaient ainsi organisées : la « présentation des résultats de l’Observatoire Covid-19 et comportements alimentaires » ; les « enjeux et perspectives de la “psychiatrie nutritionnelle” pour la santé mentale » et « l’impact de la pleine conscience sur la prévention du surpoids ».
La crise sanitaire au centre de l’attention
« L’objectif de ces Rencontres est de tenter d’ouvrir des perspectives nouvelles, considérant aussi la pandémie Covid-19 comme une opportunité de – collectivement – réinventer les métiers de la restauration collective dans le secteur de la santé », précise l’Institut Nutrition dans un communiqué. Bien que présent en filigrane dans toutes les interventions de cette matinée, cet objectif a été mis encore plus en lumière lors de la première table-ronde dédiée à la crise sanitaire. L’Institut a ainsi profité de l’évènement pour revenir sur son observatoire « Covid-19 et comportements alimentaires des personnes âgées en institution ». Lancé en juin 2020, cet observatoire s’est donné pour objectif de faire le point sur l’impact nutrition de l’isolement des résidents en Ehpad et en Résidences services. Si le rapport détaillé des conclusions de cette étude ne devrait être publié que dans les prochains jours, les participants à cette table-rond ont tout de même pu en dessiner les contours. Ainsi, si « 63 % des résidents affirment n’avoir remarqué aucune modification de leurs habitudes alimentaires lors du confinement », « 80 % des aidants sont convaincus que les habitudes alimentaires des résidents ont été perturbées pendant leur isolement ». « Il est primordial, dans une approche personnalisée, de passer par le résident et de comprendre à partir de sa parole son parcours de vie, ses préférences alimentaires ou sa manière de consommer », a indiqué Mélissa-Asli Petit, sociologue des seniors et du vieillissement, fondatrice de Mixing generations, bureau de recherche-action et de conseils sur la silver-économie et le vieillissement. Pour elle, comme pour beaucoup d’intervenants de cette table-ronde, cette crise sanitaire a mis en avant le besoin de concilier individualisation et vie collective. « Cette période de crise serait une vraie opportunité de réfléchir autrement en impliquant plus le convive », résume l’Institut Nutrition.
Le développement de la psychiatrie nutritionnelle
Deuxième des tables-rondes organisées lors de ces Rencontres, « enjeux et perspectives de la psychiatrie nutritionnelle pour la santé mentale » est revenu sur cette discipline émergente. Centrée sur l’utilisation des aliments et des compléments alimentaires dans le cadre d’un traitement intégré ou alternatif des troubles de la santé mentale, la psychiatrie nutritionnelle « pourrait jouer un plus grand rôle en santé mentale et que l’alimentation a donc un impact sur nos comportements », indique l’Institut Nutrition. « Il y a des pathologies sur lesquelles il y a des liens prouvés entre nutrition et la pathologie, notamment sur les troubles anxieux et dépressifs », a expliqué le Dr Alexis Bourla, psychiatre et psychothérapeute à l’Hôpital Saint-Antoine de Paris, membre du conseil scientifique et référent innovation pour le groupe Inicéa. « La nouveauté de la médecine nutritionnelle c’est de dire qu’une détérioration de la qualité de l’alimentation est aussi une cause de troubles dépressifs et pas seulement une conséquence », a ajouté Tasnime Akbaraly, référente de l’axe Psychiatrie nutritionnelle au sein de l’équipe Psychiatrie du développement de l’Inserm. Au centre de nombreuses études encore en cours, cette nouvelle discipline pourrait bien, à terme, permettre de nombreuses avancées en matière de traitement et de prévention. « Si on met bout à bout toutes les connaissances scientifiques, on arrivera à une médecine préventive individuelle », prédit le Dr Didier Chos, médecin du sport et président de l’Institut européen de diététique et micronutrition. Discipline récente, la micronutrition offre, pour ce médecin, « une nouvelle vision de la nutrition médicalisée personnalisée qui s’intéresse à l’ensemble des pathologies. » Une nouvelle avancée qui pourrait, là encore, être intégré aux établissements médico-sociaux, dont les EHPAD.
Se nourrir en pleine conscience
Centrée sur la pleine conscience, la troisième de ces tables-rondes a permis à trois spécialistes de la nutrition d’intervenir sur la prévention du surpoids. « La méditation pleine conscience, c’est comme un entrainement de l’esprit à être plus curieux, plus présent à ce qui se passe dans le moment présent », a expliqué Géraldine Desindes, institutrice du programme « Vivre et manger en pleine conscience » en France. Pour réduire le surpoids, l’objectif donc est de « se nourrir en pleine conscience ». « Il s’agit d’aider les gens à rétablir une relation saine et joyeuse avec la nourriture et leur alimentation, résume l’Institut Nutrition. En se relaxant et en identifiant les schémas de notre alimentation, nous serons plus enclins à consommer une quantité juste de produits de qualité. »
Le replay de ces rencontres est disponible sur la chaîne Youtube de l’institut.
Le replay de ces rencontres est disponible sur la chaîne Youtube de l’institut.