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Le Café des projets ouvre l’EHPAD de Lormes sur l’extérieur


Publié le Lundi 23 Septembre 2024 à 14:42

À Lormes, dans la Nièvre, les différents acteurs territoriaux ont pris l’habitude de se retrouver au « Café des projets », un espace de dialogue régulièrement organisé dans l’EHPAD local. Des échanges communautaires qui ont déjà donné lieu à plusieurs initiatives mises en œuvre au sein de l’établissement, depuis la dégustation de nouveaux produits par les résidents à l’organisation d’expositions culturelles, en passant par une nouvelle offre d’activités manuelles et même la création d’une microbrasserie.


Dans la Nièvre, à l’ouest du Parc naturel régional du Morvan, les 1 300 habitants de la petite ville de Lormes sont, de longue date, mobilisés pour la dynamisation de leur bassin de vie. Concerts, expositions, actions de promotion de la vie associative... leurs réalisations sont nombreuses et continuent de s’étendre. Rattaché au Groupement hospitalier de territoire (GHT) Nièvre, l’EHPAD local – dénommé EHPAD Les Cygnes – ne fait pas exception à la règle, s’étant lui aussi engagé, depuis déjà plu- sieurs années, dans une démarche d’ouverture sur l’extérieur. « Tout a commencé peu avant la crise sanitaire, en 2019, lorsque des étudiants de Sciences Po ont fait une étude sur notre EHPAD, avec pour objectif de l’intégrer dans la démarche “EHPAD du futur” », se souvient Élodie Silvain, aujourd’hui adjointe de direction au centre hospitalier de Lormes.
 
De cette initiative qui a associé les équipes, les résidents et les familles, est né « Le Café des projets ». Dès ses premières occurrences, un temps accompagnées par une agence de design, il s’est attelé à réunir différents acteurs de la commune – des élus aux écoles et centres de loisirs, en passant par la bibliothèque, la ludothèque, les associations locales et même des artistes – pour favoriser les échanges et les nouvelles idées. « Plusieurs actions ont émergé de ces échanges, comme l’intégration de la salle polyvalente de l’EHPAD dans le planning des festivités de la ville », explique la responsable en soulignant le bénéfice de cette décision pour les résidents, désormais « plus proches de la vie culturelle de la commune ».

Un renouveau du projet en 2021

Après un temps d’arrêt en 2020, crise Covid oblige, la démarche a été réactivée en septembre 2021. « Nous avons relancé le Café de projets pour remettre les acteurs locaux autour de la table », raconte Élodie Silvain. Alors que le traumatisme de la pandémie est encore très présent dans les esprits – notamment le confinement des résidents et la rupture de leurs liens sociaux –, les participants partagent le même souhait : accélérer encore l’ouverture de l’EHPAD sur son territoire. Une démarche fortement soutenue par les équipes de l’établissement qui, reprenant des idées issues des travaux menés par les étudiants de Sciences Po, se lancent cette même année dans la création d’une cuisine partagée et d’une microbrasserie.
 
Cette dernière a été incluse dans « Un coin comme à la maison », le projet de tiers lieu présenté en 2021 par l’EHPAD Les Cygnes, dans le cadre de l’appel à projets lancé par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). « Il s’agit, concrètement, d’installer une microbrasserie en partenariat avec l'association des Brasseurs Lormois », explique Élodie Silvain qui précise toutefois que l’EHPAD ne sera pas un lieu de consommation ou de vente d’alcool : « la fabrication se fera sur place, mais la commercialisation sera effectuée dans les cafés locaux ». Entièrement vitrée et accolée à l’atelier de cuisine partagée de l’établissement, la microbrasserie devrait néanmoins ouvrir ses portes aux résidents, pour qu’ils puissent observer les étapes de fabrication de la bière, mais aussi participer à la mise en bouteille et à l’étiquetage de la production. Et, bien que le lieu ne soit pas encore opérationnel, l’idée plaît déjà beaucoup. « Lors de l’un des derniers Café des projets, un résident a même proposé d’appeler les brassins [la production de chaque cuvée - NDLR] avec les prénoms des personnes accueillies à l’EHPAD », sourit la directrice adjointe. Si elle occupe une place importante dans les esprits, ne serait-ce que par son originalité, l’installation de cette microbrasserie ne représente cependant qu’un volet des projets actuellement portés par l’établissement.

Une deuxième animatrice au sein de l’établissement

Exploitant pleinement le format communautaire du « Café des projets », l’EHPAD de Lormes a également développé des activités de dégustation culinaire, de confection artistique ou de transmission mémorielle, en lien avec la bibliothèque, l’école ou encore les associations locales. Pour aller toujours plus loin, une seconde animatrice a rejoint l’établissement au début de l’année 2022, complétant une équipe qui, pour 96 résidents, ne disposait depuis 20 ans que d’une seule animatrice exerçant à 80 %. « Cette deuxième anima- trice, qui opère pour sa part à temps plein, a dès le départ eu pour mission de dynamiser et de renforcer notre ouverture sur la ville, en reprenant notamment le flambeau du Café des projets », détaille Élodie Silvain. Un pari gagnant, avec une implication tou- jours plus forte des acteurs territoriaux dans la vie de l’établissement.
 
« Deux fois par an, en janvier et en septembre, nous continuons de nous retrouver lors de ces Cafés pour apporter des idées et faire le point sur les projets en cours ou passés », poursuit la responsable qui y voit ici l’opportunité de « casser les idées reçues sur les EHPAD ». « L’infirmière coordinatrice du service de soins infirmiers à domicile est par exemple présente lors de ces échanges pour faire le lien avec les personnes âgées maintenues à domicile, et pouvoir ainsi les rassurer dans l’éventualité d’une entrée en EHPAD », ajoute-t-elle. Et cette démystification semble porter ses fruits : « Plusieurs habitants viennent aujourd’hui prendre part aux animations organisées au sein de l’établissement. Ils sont en contact avec le lieu et les résidents, et ont donc moins d’appréhensions lorsqu’il s’agit de considérer leur propre entrée ou celle de l’un de leurs proches. D’une manière générale, le regard de la population a changé ».

> Article paru dans Ehpadia #36, édition de juin 2024, à lire ici 



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