« Votre mission, si toutefois vous l’acceptez… » Ces mots, ô combien iconiques de la série cinématographique Mission impossible, résonnent encore dans plusieurs EHPAD de la région lyonnaise. En 2021, ces établissements ont en effet bénéficié de la formation par escape game, créée par l’équipe mobile d’hygiène (EMH) en EHPAD des Hospices Civils de Lyon. Musique, dictaphone et autres accessoires étaient donc réunis pour plonger les professionnels médico-sociaux dans l’univers des agents spéciaux et ainsi aborder sous un nouvel angle la prévention des infections respiratoires aigües. Diaporamas, formations, jeux… Le sujet avait déjà été traité sous plusieurs formats par l’EMH, qui a cette fois-ci opté pour le jeu d’évasion, un « outil innovant déjà proposé dans l’enseignement ainsi que dans le domaine de la formation en santé », indique Natacha Metge, infirmière hygiéniste en charge du projet.
Le lieu et le temps, deux contraintes majeures
Encore peu utilisée en EHPAD, cette approche ludo-pédagogique a dû être adaptée au secteur en prenant en compte ses contraintes, notamment en termes de lieu et de temps. « N’étant pas destiné à un lieu fixe, notre escape game a été développé avec un décor minimaliste pouvant tenir dans une seule valise, et adaptable à n’importe quelle pièce d’un établissement », poursuit Natacha Metge. Le jeu, qui dure habituellement une heure environ, a également été réduit à une quinzaine de minutes grâce à la mobilisation d’un formateur et la mise à disposition d’une feuille de route, une fiche reprenant les principales actions à réaliser au début d’une partie. « Ces petites astuces nous ont permis de raccourcir le temps dédié au jeu – une ressource précieuse en EHPAD – tout en préservant l’attrait des énigmes proposées », assure l’hygiéniste.
Cette version condensée est néanmoins complétée par des temps d’accueil et de débriefing, particulièrement importants pour expliquer le jeu et appuyer sur les objectifs pédagogiques. Au total, la formation déployée dure ainsi 45 minutes, une durée « nécessaire, mais courte », qui convient davantage aux EHPAD. Le jeu a en outre été pensé pour s’adapter au public cible et à ses besoins spécifiques, tout en restant attractif. Après une première version prévue sur le thème de la vaccination contre la grippe, les équipes de l’EMH ont par exemple revu leur copie pour y intégrer, début 2021, les autres IRA. « Nous en avons également profité pour revoir la formation : allonger le temps de débriefing avec les professionnels, mais aussi rendre le jeu moins linéaire et donc plus prenant », raconte Natacha Metge.
Cette version condensée est néanmoins complétée par des temps d’accueil et de débriefing, particulièrement importants pour expliquer le jeu et appuyer sur les objectifs pédagogiques. Au total, la formation déployée dure ainsi 45 minutes, une durée « nécessaire, mais courte », qui convient davantage aux EHPAD. Le jeu a en outre été pensé pour s’adapter au public cible et à ses besoins spécifiques, tout en restant attractif. Après une première version prévue sur le thème de la vaccination contre la grippe, les équipes de l’EMH ont par exemple revu leur copie pour y intégrer, début 2021, les autres IRA. « Nous en avons également profité pour revoir la formation : allonger le temps de débriefing avec les professionnels, mais aussi rendre le jeu moins linéaire et donc plus prenant », raconte Natacha Metge.
112 professionnels interrogés
Un premier essai en EHPAD, véritable répétition générale, a eu lieu dès le mois d’avril 2021, suivi d’une tournée organisée entre mai et juillet. Pour préparer le terrain, la fiche pédagogique de la formation avait été transmise plusieurs semaines auparavant aux établissements « qui avaient en priorité un programme d’action prévoyant une intervention sur le thème des IRA », précise l’hygiéniste. Mais les autres établissements n’étaient pas en reste : tous les EHPAD suivis par l’EMH ont pu, s’ils le souhaitaient, bénéficier de la formation par escape game. « Il y a eu un réel engouement pour cette nouveauté », note l’infirmière, ravie que tous aient « apprécié ce type d’approche ».
L’expérience a également séduit les professionnels eux-mêmes. Lors des sessions, 112 soignants issus de cinq EHPAD ont été observés et interrogés dans le but d’évaluer le processus. « La satisfaction fut très bonne, tant du point de vue des participants (88 % tout à fait et 12 % plutôt satisfaits) que de l’encadrement », constate Natacha Metge. Même s’il reste difficile de mesurer l’impact réel de ce type de formation sur les pratiques métier, les intentions de modification de pratiques déclarées au terme de la formation reprenaient a minima l’une des principales mesures de prévention des IRA – hygiène des mains, protection du visage, vaccination et autres mesures barrières –, avec en majorité la désinfection des mains (à 56 %). Un fait « à mettre probablement en regard avec l’une des énigmes, qui abordait ce sujet », explique l’hygiéniste. À l’issue du jeu, le temps d’échange avec les participants a également permis d’aborder cette thématique spécifique, tout autant demandée que celle portant sur la vaccination. L’étude de satisfaction réalisée auprès des professionnels des EHPAD a quant à elle permis de réajuster l’organisation du jeu, mais a aussi servi de base au mémoire de diplôme universitaire de l’infirmière hygiéniste.
L’expérience a également séduit les professionnels eux-mêmes. Lors des sessions, 112 soignants issus de cinq EHPAD ont été observés et interrogés dans le but d’évaluer le processus. « La satisfaction fut très bonne, tant du point de vue des participants (88 % tout à fait et 12 % plutôt satisfaits) que de l’encadrement », constate Natacha Metge. Même s’il reste difficile de mesurer l’impact réel de ce type de formation sur les pratiques métier, les intentions de modification de pratiques déclarées au terme de la formation reprenaient a minima l’une des principales mesures de prévention des IRA – hygiène des mains, protection du visage, vaccination et autres mesures barrières –, avec en majorité la désinfection des mains (à 56 %). Un fait « à mettre probablement en regard avec l’une des énigmes, qui abordait ce sujet », explique l’hygiéniste. À l’issue du jeu, le temps d’échange avec les participants a également permis d’aborder cette thématique spécifique, tout autant demandée que celle portant sur la vaccination. L’étude de satisfaction réalisée auprès des professionnels des EHPAD a quant à elle permis de réajuster l’organisation du jeu, mais a aussi servi de base au mémoire de diplôme universitaire de l’infirmière hygiéniste.
Un mémoire sur la formation par escape game
« Escape game en EHPAD », tel est le nom de ce travail réalisé dans le cadre d’un diplôme universitaire d’infirmier en hygiène proposé par l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. « Dans quelle mesure une formation telle que l'escape game peut-elle être utilisée dans un contexte épidémique récurrent comme les infections respiratoires aigües, et adaptée à la formation des professionnels des équipes soignantes en EHPAD ? », s’interroge ainsi l’auteure, qui y répond clairement par l’affirmative : « La conception de l’escape game prend du temps et doit faire l’objet de nombreux tests pour s’assurer de sa faisabilité, mais sa mise en œuvre nous montre sa valeur dans les processus d’apprentissage des professionnels des EHPAD auprès desquels il a remporté un vif succès ».
Ces formations sont d’ailleurs fortement demandées par les établissements, certains en appelant même au déploiement de telles initiatives sur d’autres sujets. « Cela est certes possible et pourra se faire », indique Natacha Metge, qui note cependant : « L’escape game ne doit pas non plus devenir la norme. Au contraire, l’un des intérêts de la démarche réside dans son aspect occasionnel et exceptionnel ».
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
Ces formations sont d’ailleurs fortement demandées par les établissements, certains en appelant même au déploiement de telles initiatives sur d’autres sujets. « Cela est certes possible et pourra se faire », indique Natacha Metge, qui note cependant : « L’escape game ne doit pas non plus devenir la norme. Au contraire, l’un des intérêts de la démarche réside dans son aspect occasionnel et exceptionnel ».
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici