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La Nouvelle-Aquitaine expérimente les équipes mobiles QVCT


Publié le Vendredi 28 Octobre 2022 à 10:09

Engagée dans les démarches Qualité de Vie et Conditions de Travail (QVCT), l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine (ARS NA) a lancé, en 2021, un Appel à Manifestation d’Intérêt pour la création d’équipes mobiles autour de cette thématique. Intervenant chacune dans plus d’une dizaine d’établissements médico-sociaux, celles-ci ont « pour vocation d’améliorer la QVCT pour les professionnels et donc la prise en charge des personnes accueillies », nous explique Cécile Binet, ex-référente QVCT pour l’ARS NA et ancienne responsable du département Investissement et Qualité, désormais adjointe du pôle Performance au sein de la direction de l’Efficience et de la Transformation numérique du système de santé.


Cécile Binet, adjointe du pôle Performance au sein de la direction de l’Ef cience et de la Transformation numérique du système de santé. ©DR
Cécile Binet, adjointe du pôle Performance au sein de la direction de l’Ef cience et de la Transformation numérique du système de santé. ©DR
Dans quel contexte sont nées ces équipes mobiles QVCT ?
Cécile Binet : Cela fait déjà plusieurs années – depuis 2017, plus précisément – que l’ARS Nouvelle-Aquitaine porte une politique incitative forte en matière de QVCT. L’Agence alloue régulièrement des financements sur cette thématique, et bénéficie donc des retours des structures accompagnées. C’est exactement ce qu’il s’est passé pour ces équipes mobiles. Situé en Gironde, l’EHPAD des Jardins de l’Ombrière a présenté une initiative d’équipe mobile QVCT, mise en place dans le cadre d’un appel à projets. Le principe est simple et répond à un besoin de partage des ressources : l’équipe intervient dans plusieurs EHPAD d’un même secteur sur des problématiques en lien avec les effectifs humains, de manière aussi bien préventive que curative pour, notamment, réduire l’absentéisme et le recours à l’intérim. Ce projet ambitieux a retenu notre attention, d’autant qu’il fait également écho à des remontées syndicales. Il répondra je l’espère aux besoins des professionnels exerçant au sein des structures bénéficiaires.

Pourquoi avoir choisi le terme d’« équipe mobile » ?
Déjà présent dans les champs de l’hygiène, de la gériatrie ou de la prise en charge de la douleur, par exemple, celui-ci est connu des professionnels, qui peuvent ainsi mieux s’approprier le concept. Le principe est en effet à chaque fois le même : des professionnels, spécialistes sur leur champ d’activité, partagent leurs interventions entre plusieurs établissements. Un premier appel à manifestation d’intérêt (AMI) a donc été lancé par l’ARS en 2021, sur la base d’un cahier des charges co-construit avec les fédérations du secteur, suivi d’un deuxième AMI dès 2022.  L’objectif : constituer plusieurs équipes afin de couvrir à terme tout le territoire néo-aquitain, autant sur le volet autonomie que sur celui du handicap.

Où en est aujourd’hui la mise en place de ces équipes ?  
À l’EHPAD des Jardins de l’Ombrière, qui est le précurseur de cette initiative, l’équipe mobile QVCT est déjà en place, mais cela n’est pas encore le cas dans tous les autres établissements. L’acceptation des candidatures n’a été notifiée qu’à la fin de l’année 2021, et il a depuis fallu s’adapter à la situation sanitaire et RH. Ce délai est donc tout à fait normal et dès novembre, les premières équipes devraient être réunies dans une communauté de pratiques. Un tel outil favorisera les échanges et permettra notamment d’effectuer un premier tour de table pour aborder les problématiques potentiellement rencontrées lors de l’installation. En continuant à se réunir tous les trois à quatre mois, ces communautés de pratiques seront également l’occasion de faire des bilans d’étapes réguliers pour accompagner le développement des équipes mobiles QVCT et communiquer sur les dispositifs à leur disposition, qu’il s’agisse d’actions menées par l’ARS ou par l’Association Régionale pour l'Amélioration des Conditions de Travail (ARACT) Nouvelle-Aquitaine, également très impliquée pour le développement de la QVCT sur notre territoire.

Quels sont les profils retenus pour intégrer les équipes mobiles ?
Psychologues, ergonomes, ergothérapeutes, nutritionnistes, IDE, assistants en santé au travail, préparateurs physiques, experts en communication ou en management, assistants sociaux, techniciens hygiène sécurité et environnement, gestionnaires de planning, médiateurs… Les profils sont très variés ! Les équipes mobiles QVCT sont pensées pour être pluridisciplinaires, et ont pleinement la main pour prioriser leurs recrutements en fonction des opportunités et des besoins locaux. Cela étant dit, la démarche n’en est encore qu’à ses débuts. Nous laissons le temps aux équipes de se lancer, de développer une dynamique de partage. L’ARS mettra ensuite en place un suivi afin de notamment évaluer l’impact de leurs actions. Suivant la maturité des équipes, ce projet devrait se concrétiser au cours de la période 2023-2024, c’est-à-dire à la fin de la période de financement prévue dans l’AMI.

Justement, comment cette initiative est-elle financée ?  
L’AMI prévoit des crédits non reconductibles (CNR) sur trois ans, de 2021 à 2023, avec 150 000 euros la première année, 100 000 la deuxième et 50 000 la troisième. Au total, trois millions d’euros ont été octroyés pour cette expérimentation, qui devrait conduire à la constitution de vingt équipes. Le dispositif d’évaluation prévu à l’issue de ces trois années de financements nous offrira alors une vision globale qui nourrira les réflexions autour de la pérennisation des équipes mobiles QVCT. Les communautés de pratiques auront ici toute leur place pour réfléchir collectivement aux modèles économiques les mieux adaptés aux différents territoires.

Pourriez-vous, pour finir, évoquer quelques-unes des actions envisagées par les différentes équipes ?  
Elles sont très variées, car les besoins identifiés le sont également. Parmi les pistes qui se profilent, on peut par exemple imaginer l’organisation et l’animation, par des psychologues du travail et des ergonomes, de rencontres pour aborder ensemble les problématiques liées à l’exercice professionnel. Ce point est d’ailleurs cité dans le rapport El Khomri : disposer d’un espace et de temps pour parler du quotidien, des défis et difficultés rencontrés dans le cadre de son travail, est un élément important qui doit être pris en compte pour une meilleure QVCT. Dans la même optique, les équipes mobiles pourraient également intervenir pour organiser des temps d’immersion dans d’autres services, mettre en place des process d’intégration, réaliser des mini-diagnostics au sein d’un établissement ou encore faciliter la résolution d’une crise. Car bien que leurs actions soient principalement à visée préventive, elles sont tout à fait en mesure de répondre à une situation urgente. C’est d’ailleurs ce qui fait leur force : ces équipes mobiles s’adapteront aux besoins et problématiques des établissements qu’elles accompagnent, car ce n’est qu’à travers une approche sur mesure que nous pourrons améliorer la QVCT des professionnels exerçant dans les EHPAD et ainsi rendre ces structures plus attractives. 

Article publié dans le numéro d'octobre d'Ehpadia à consulter ici
 


 



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