Préparer les traitements médicamenteux, sécuriser le circuit du médicament, assurer les livraisons des produits de santé, accompagner les équipes soignantes… Les missions pharmaceutiques sont diverses et indispensables, dans le secteur sanitaire comme médico-social. Afin d’assurer un service spécialisé et territorial, plusieurs établissements de la région Bourgogne-Franche-Comté se sont regroupés pour fonder, il y a plus de dix ans, laPharmacie à Usage Intérieur (PUI) Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) des établissements sanitaires et médico-sociaux du Nord Franche-Comté. L’organisme s’est depuis étoffé et regroupe aujourd’hui six EHPAD, une Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) ainsi que les services départementaux pour la protection maternelle et infantile (PMI). « Le plus gros de notre travail est certainement lié aux EHPAD, pour lesquels nous assurons une à deux livraisons par semaine et par établissement. Nous sommes ainsi en contact régulier avec leurs médecins et équipes soignantes », confie le Docteur Patricia Demoly-Pouret, responsable de la PUI.
Un système robotisé pour gagner du temps…
Préparant les traitements de près de 1 200 résidents, la PUI est équipée en 2011 d’un robot de préparation des doses à administrer (PDA) pour assurer une dispensation nominative. Une organisation aujourd’hui bien rodée : les EHPAD fédérés au sein du GCS étant équipés de systèmes informatisés (SI) pour la dématérialisation des ordonnances, les préparations sont elles aussi dématérialisées dès les premières étapes du circuit. « Quand nous lançons une production, nous nous connectons au SI de l’établissement pour y récupérer les informations utiles, et plus particulièrement les ordonnances entrées au préalable par les médecins », explique la pharmacienne. Cette communication entre outils métiers est d’ailleurs bidirectionnelle puisque, avant de saisir leur ordonnance, les prescripteurs peuvent choisir parmi les centaines de références inscrites au sein du livret thérapeutique de la PUI. « Si le médicament n’est pas dans le livret, il est toujours possible de l’ajouter manuellement », précise Patricia Demoly-Pouret.
… et réduire le risque d’erreur
Outre le gain de temps évident, si les équipes franc-comtoises ont fait le choix de l’automatisation, c’est aussi pour réduire le risque d’erreur par rapport à un remplissage manuel des piluliers.Depuis 2011, le taux d’erreur s’est ainsi drastiquement réduit pour atteindre 1,2% des sachets retournés par les services en 2019, « soit moins d’une erreur remontée par mois », précise Patricia Demoly-Pouret. Un chiffre bien faible au regard des 31 000 sachets qui sortent chaque semaine de la PUI. « Nous produisons un sachet par résident, par jour et par heure d’admission, avec au maximum trois traitements par sachets », poursuit la pharmacienne. Sur chacun des sachets sont ainsi inscrits les nom, prénoms et date de naissance du bénéficiaire, le service où il est accueilli, la liste des médicaments compris dans le sachet ainsi qu’une brève description de chaque comprimé « afin de pouvoir le retirer au besoin ».
Une expertise de proximité
Proche des établissements et de leurs équipes, la PUI GCS s’adapte en effet aux besoins de chacun. Cette proximité, toutes les structures ont pu en bénéficier ces derniers mois alors que la crise sanitaire avait mis à mal le système sanitaire. Au sein de la PUI, les équipes ont ainsi pu compter sur le robot de PDA pour limiter les risques de contaminations croisées, tout en renforçant les protocoles de nettoyage des caisses de dispensation. « En temps normal, les pharmaciens et les préparateurs rencontrent régulièrement les médecins et les infirmiers pour faire un point sur les traitements et ordonnances en cours. Ces derniers mois, nous avons maintenu l’activité mais nous n’avons malheureusement pas pu nous rendre dans les établissements aussi souvent qu’à l’accoutumée », regrette Patricia Demoly-Pouret.
De nouvelles missions
Comme partout, les équipes franc-comtoises ont néanmoins pu continuer à échanger à distance pour les opérations courantes comme pour celles mises en place en réponse à la crise. S’organisant rapidement pour assurer l’approvisionnement des établissements en oxygène et en solution hydro-alcoolique, la PUI GCS a également élargi ses activités à l’approvisionnement en Équipements de Protection Individuelle (EPI), dont les masques, les tabliers, les sur-blouses et les gants. Pour renforcer son autonomie en matière de gestion des EPI, elle les a ainsi intégrés à son système de livraisondepuis l’automne 2020 – système qui a été réadapté au début de l’hiver pour assurer la gestion et à la livraison des vaccinsutilisés dès le mois de janvier.
La campagne de vaccination, un enjeu majeur
« Dès le début, nous avons travaillé en lien avec l’Hôpital Nord Franche-Comté (HNFC) qui possède l’équipement adéquat pour stocker le vaccin Comirnaty de Pfizer/BioNTech, principalement utilisé dans nos établissements », se souvient Patricia Demoly-Pouret. Nécessitant un stockage à -70°C, ce vaccin ne se conserve en effet que cinq jours entre 2 et 8°C. La décongélation s’effectuant au HNFC, la PUI GCS s’est donc organisée pour assurer les livraisons le plus rapidement possible. « La logistique fait partie de notre métier », rappelle la pharmacienne qui a mis en place, toujours en lien avec le HNFC, un système de traçabilité plus contraignant. « Comme pour les médicaments stupéfiants, les livreurs ne doivent remettre les vaccins qu’en main propre et contre signature », spécifie la responsable en saluant « l’implication de tous dans cette campagne de vaccination ». « Chez les résidents, nous avons observé un fort taux d’adhésion au vaccin,raconte-t-elle. Aujourd’hui, nous voyons le résultat : les contaminations sont faibles. C’est un réel soulagement ». Pour que cette situation perdure, les équipes de la PUI GCS et des établissements qu’elle dessert s’attachent désormais à vacciner le personnel des EHPAD et les nouveaux résidents. « La majorité des personnes éligibles a été vaccinée. Mais il nous faut continuer le travail, poursuivre la campagne et instaurer la vaccination sur le long terme », conclut Patricia Demoly-Pouret.
Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici
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