L’après-midi, l’ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie, Michèle Delaunay est intervenue en visio-conférence. ©Capture d’écran
« Quelle évolution des métiers et des formations en gérontologie ? » Telle était la question posée par la journée d’échanges organisée par le Groupe SOS Seniors et ses partenaires*, le 14 octobre dernier, en Meurthe-et-Moselle. Également retransmise en ligne, cette rencontre s’est interrogée sur les évolutions possibles du parcours de formation des agents mais aussi sur l’impact et les leçons à tirer de la crise sanitaire, sans oublier les adaptations à adopter pour que les acteurs du médico-social puissent mieux faire face au vieillissement de la population et à l’arrivée prochaine des Baby-boomers dans leurs établissements.
Revaloriser les salaires et les postes
Accentuées par la crise sanitaire, les questions relatives à l’emploi et aux recrutements a occupé une bonne partie des débats de cette journée. Ainsi, durant la table-ronde de la matinée consacrée aux enseignements de la crise sanitaire, les intervenants – dont Myriam El Khomri, ancienne ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social – se sont notamment penchés sur la problématique de l’attractivité des métiers du grand âge. Souhaitant une revalorisation salariale importante pour les auxiliaires de vie est les aides-soignants, Jean-Marc Lucien, directeur de l’ADMR 54, a également insisté sur l’importance de la qualité de vie au travail des agents ainsi que la possibilité d’une évolution de carrière pour tous, « comme on peut le voir actuellement pour les personnes ayant effectué des études d’infirmiers », a-t-il précisé.
AMP, AES, AS : vers un socle commun ?
Pour ce faire, plusieurs pistes ont été évoquées pendant cette journée. « Cette crise sanitaire a montré à tous que le travail d’un aide-soignant s’éloigne d’une seule fonction mais que nous sommes polycompétents », a déclaré Alexis Bataille avant d’ajouter : « plusieurs évolutions professionnelles sont possibles mais elles ne sont pas ou peu abordées lors des formations actuelles ». L’aide-soignant, élève infirmier, et auteur de deux ouvrages sur le monde de la santé et du médico-social, a ainsi soutenu l’idée d’un socle de formation commun aux AMP (aides médico-psychologiques), AS (aides-soignants) et AES (accompagnants éducatifs et sociaux), portée par plusieurs intervenants de cette journée. Autre piste évoquée par les participants, l’alternance dans la formation des aides-soignants « doit être développée », estime Myriam El Khomri qui a également rappelé la possibilité de la mettre en œuvre sans forcément attendre la parution d’une loi. « Nous devons avoir des espaces de réflexions et des expérimentations régionales », a résumé en fin de journée David Causse,directeur du développement et des partenariats pour le Groupe SOS. Appelant à « refaire le système » plus qu’à le modifier, il a rappelé l’importance du local pour s’adapter au plus vite aux réalités territoriales et décloisonner ces métiers.
Trouver sa place
Au-delà des types de formations disponibles, ce sont bien les spécificités de ces métiers du soin qui ont surtout été mises en avant. « Les aides-soignants doivent trouver leur place sans pour autant prendre celle d’une autre profession », a ainsi confié Alexis Bataille, regrettant l’absence de code déontologique national pour les aides-soignants. Invitée à prendre la parole l’après-midi, Michèle Delaunay, a, elle aussi, insisté sur la nécessité d’une revalorisation salariale et identitaire. « Tous les métiers du soin doivent avoir un insigne clair et doivent être considérés pour leur utilité sociale et sociétale », a déclaré l’ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie.
La question du boom démographique
Auteure de l’ouvrage Le fabuleux destin des Baby-Boomers, Michèle Delaunay était également invitée à prendre la parole sur l’augmentation prochaine du nombre de personnes âgées au sein de notre population. « C’est une génération avec un chemin de vie particulier, a rappelé l’ancienne ministre. Lecours de leur vie a été marqué par tout une époque ». Pour beaucoup déjà proches aidants, « ils sont d’ores et déjà experts du grand âge » et sont épris« de liberté, d’autonomie et d’indépendance », a ajouté Michèle Delaunay qui constate également que de nombreux Baby-Boomers n’ont pas eu d’enfants, ce qui « pose le problème des aidants ». « Avec l’arrivée de cette génération en fin de vie, le nombre de morts par jour va également augmenter », a-t-elle aussi rappelé, engageant ainsi les questions de l’éthique dans le grand âge et de la fin de vie. Déjà présentes dans notre société depuis de nombreuses années, ces problématiques devraient, en effet, prendre de plus en plus de place dans les années à venir.
* L’Agence Régionale de Santé Grand-Est, la Région Grand-Est, le conseil départemental de la Meurthe-et-Moselle, le CHRU de Nancy, l’ADMR, l’Adapa, l’espace éthique de la région Île-de-France, l’Université de Lorraine et l’OHS Lorraine.
* L’Agence Régionale de Santé Grand-Est, la Région Grand-Est, le conseil départemental de la Meurthe-et-Moselle, le CHRU de Nancy, l’ADMR, l’Adapa, l’espace éthique de la région Île-de-France, l’Université de Lorraine et l’OHS Lorraine.
Un compte-rendu de cette journée de débats, sous forme de synthèse contributive, devrait être prochainement publié par le Groupe SOS. Les vidéos des débats sont, quant à elles, visibles sur la page Facebook du Groupe SOS Seniors.