Cinéma: « Un petit miracle » pour l’EHPAD intergénérationnel

Rien ne va plus pour Juliette (Alice Pol) ! L’école dans laquelle elle enseignait a brûlé, et sa classe unique va devoir être répartie entre les différentes écoles du département. Une situation qu’elle veut absolument éviter… Mais dans son village, « la seule salle qui est aux normes, personne ne veut y mettre les pieds », lâche le maire. Elle se trouve en effet aux Coquelicots, la maison de retraite locale, « un territoire abandonné par la société », comme le souligne Antoine (Jonathan Zaccaï), le directeur de l’établissement qui est lui-même loin d’être enthousiasmé par l’idée. Alice ne s’en laisse pas conter et, malgré les hésitations des uns et des autres – « on ne va quand même pas les mettre dans un mouroir ! », s’inquiète une mère d’élève –, s’installe avec sa classe au cœur de l’EHPAD, où vient d’ailleurs d’être admis Édouard (Eddy Mitchell), son mentor. Sans surprise, les choses ne se passent pas comme prévu. Le directeur de la Résidence a exigé que l’EHPAD et l’école soient deux espaces « hermétiques ». Comment le garantir lorsque les enfants et les résidents s’observent, se cherchent, tentent de « jouer » ensemble ? La cohabitation n’est pas de tout repos, les péripéties s’enchaînent, l’Agence Régionale de Santé fronce même le nez, mais tous apprennent à s’apprivoiser et finissent transformés à jamais par cette expérience unique.

Portée par des acteurs attachants, cette comédie intergénérationnelle bouscule les idées reçues sur les EHPAD, montrant des résidents curieux et ouverts au changement, finalement très similaires à ces enfants qu’ils adoptent rapidement – et qui le leur rendent bien. Les complications sont plutôt à chercher du côté des « adultes », les parents et les tutelles, à l’affût de la moindre entorse au protocole pour donner le clap de fin. Réunis dans l’adversité, Juliette, Antoine, les enfants et les pensionnaires parviendront-ils à s’imposer ? Un film à voir, donc, pour des moments d’émotions et des séquences pleines d’humour. D’autant que sans avoir l’air d’y toucher, cette comédie sensible laisse entrevoir un nouveau modèle d’EHPAD ouvert aux autres et à son environnement, qui, en réapprenant à accueillir la vie et à accepter ses inévitables imprévus, questionne en filigrane les choix actuels.