Vivre plus longtemps est considéré comme une bonne nouvelle par la majorité des Français. L’allongement de l’espérance de vie, qui a progressé de 10 ans en 50 ans, est considérée comme un progrès par 88 % des sondés. Face à la perspective de vivre 100 ans, seulement un tiers éprouve de l’inquiétude tandis que les deux tiers ressentent de l’enthousiasme, de la curiosité ou de l’indifférence. Au total, 59 % disent avoir envie de vivre 100 ans. A titre collectif, ils sont néanmoins conscients que l’allongement de la vie va poser des « problèmes économiques majeurs » (78 %) et reconnaissent une impréparation de notre système social (69 %).
Vieillissement et travail : le divorce entre responsabilité individuelle et solidarité collective
Si le rallongement de la vie est vu d’un bon œil, sa prise de conscience comme défi sociétal ne se traduit pas pour autant par une reconnaissance de la nécessité d’allonger le temps de travail. Au contraire, ses implications collectives semblent être ignorées, voire niées. C’est le grand paradoxe qui ressort du Baromètre Landoy : les Français se réjouissent de vivre plus longtemps mais n’envisagent pas de travailler davantage en conséquence, et désirent même travailler moins longtemps qu’actuellement. Autrement dit, ils acceptent volontiers les gains d’espérance de vie mais pas pour les affecter au travail. Le décalage entre la responsabilité individuelle et les efforts collectifs nécessaires à la sauvegarde d’un modèle social bâti sur la solidarité intergénérationnelle est évident.
Si l’âge pronostiqué de départ à la retraite (63,5 ans) correspond peu ou prou à l’actuel âge moyen de départ à la retraite, l’âge désiré est beaucoup plus bas (59,1 ans) et prend le contre- pied du mouvement d’allongement du temps de travail dans les pays riches. Combiné avec un âge-limite en bonne santé estimé à 78,7 ans, le Baromètre Landoy fait ressortir un désir fort et intergénérationnel pour une retraite en bonne santé durant au moins 15 à 20 ans.
Concernant la dépendance, si une vaste majorité (65 %) de sondés reconnait avec lucidité son futur état de dépendance, ils sont encore plus nombreux à avouer ne pas avoir pris de dispositions financières ou patrimoniales en conséquence.
L'âge pivot des 50 ans
La barre des 50 ans ressort du Baromètre Landoy comme un seuil d’âge au-delà duquel la progression professionnelle est considérée comme plus compliquée. Les sondés estiment que c’est en moyenne à partir de 51,3 ans que l’on rencontre des difficultés pour évoluer professionnellement ou retrouver du travail. Aux yeux des sondés, les personnes âgées de plus de 50 ans arrivent aussi systématiquement en bas des classements catégoriels sur les efforts de formation et de recrutement de la part des entreprises.
L'éducation économique et financière comme solution de responsabilisation
Le Baromètre Landoy fait ressortir aussi bien une nécessité qu’une forte demande de formation et d’information de la part des salariés face aux défis de la vie longue. Dans l’idéal, les Français estiment qu’il faudrait commencer à préparer sa retraite vers 40 ans. Si 74 % des sondés disent que la retraite est avant tout une préoccupation financière, avant même les considérations médicales, seuls 32 % ont déjà calculé la pension nécessaire au maintien de leur niveau de vie à la retraite. Même chez les 50-64 ans, 38 % seulement des sondés ont déjà effectué ce calcul
Une majorité des salariés sondés se disent intéressés par des ateliers, organisés au sein des entreprises, de préparation à la retraite (66 %), de formation sur la fiche de paie (55 %) et d’éducation financière (55 %). L’intérêt exprimé est particulièrement fort pour la formation des managers à l’inclusion de toutes les générations (84 %). La demande de formation est d’autant plus importante que ce baromètre pointe un besoin flagrant d’information et de formation afin d’accompagner et responsabiliser nos concitoyens face au défi démographique.
« La transition démographique est aujourd’hui une réalité incontournable qui redéfinit notre économie et notre modèle social en introduisant de nouvelles étapes de vie. Ce phénomène doit inspirer une profonde remise en question collective : notre société et nos entreprises doivent réagir et s’adapter en conséquence. Le Baromètre Landoy fait ressortir une forte demande de la part des collaborateurs et collaboratrices : celle d’être formés, informés et accompagnés dans les nouvelles étapes d’une vie plus longue dont ils se réjouissent ! A l’échelle collective, les entreprises sont parties intégrantes et nécessaires de la réconciliation entre responsabilité individuelle et solidarité collective », Sibylle Le Maire, directrice executive de Bayard, fondatrice du Club Landoy.
« Le Baromètre Landoy de la France qui vieillit fait ressortir à la fois une grande conscience du défi que le vieillissement de la population représente pour notre système économique et social et en même temps une forme de déni sur les implications liées au temps de travail ou à la nécessité pour chacun d’entre nous de se préparer financièrement à la longévité. Comme l’a identifié en pionnier le Club Landoy, la solution passe par les entreprises qui ont un rôle primordial d’éducation à jouer pour aider leurs employés à s’y préparer et prendre conscience des ajustements nécessaire face à une donne démographique inédite. Il s’agit là de répondre à une demande de la part des salariés mais aussi de se prémunir collectivement contre des illusions qui menacent notre modèle social », Maxime Sbaihi, directeur stratégique du Club Landoy.