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Aux Terrasses du XXème et pour Clariane, le Positive Care comme fil rouge


Publié le Mercredi 19 Juin 2024 à 11:16

Depuis sa transformation en entreprise à mission en 2023, le groupe Clariane a décidé de placer la notion de Positive Care au centre de ses actions. Un concept qui s’incarne déjà entre les murs de l’EHPAD Korian Les Terrasses du XXème, et qui se veut autant un élément culturel distinctif, que la définition de l’accompagnement de demain souhaité par le groupe.


« Bienvenue chez vous ». C’est par cette pancarte imitant les plaques de rue parisiennes que sont accueillis résidents et visiteurs de l’EHPAD Korian Les Terrasses du XXème. Comme pour rappeler à tout un chacun ce qu’il se joue entre ces murs et l’approche prônée en son sein.

Ici la réminiscence est à tous les coins de couloirs. Saint-Fargeau, Belleville, Les Amandiers, Charonne, Campagne à Paris, à l’issue d’un travail de réflexion avec les résidents et les familles, chacun des cinq étages que compte l’établissement a pris le nom et l’identité visuelle d’un des quartiers de l’arrondissement de l’Est parisien dans lequel il est implanté, et dont la grande majorité des pensionnaires sont issus.

Mais ce qui distingue particulièrement les « quartiers » des Terrasses du XXème se situe en réalité dans leur organisation en « maisonnées », adoptée il y a un an à la faveur d’une restructuration et permettant de s’adapter plus facilement au rythme de vie et au projet personnalisé de chaque résident.

Décloisonner le soin et l’hébergement

« Il s’agit d’un projet centralisé sur le résident dans sa globalité, qui passe par l’architecture et l’organisation du travail, avec notamment le décloisonnement des missions de soin et d’hébergement », explique Marie Ponsonnet, la directrice des lieux. Ainsi, au-delà des chambres des 12 résidents qu’il accueille, chaque étage ou maisonnée comprend également ses propres lieux de vie et de convivialité – coin tisanerie, bibliothèque, ou salle collective dans laquelle sont notamment pris les repas, « dans des grands plats, comme à la maison » –, à l’image d’une grande colocation.

Deux aides-soignantes formées jouent quant à elles le rôle d’interlocutrices privilégiées en accompagnant les résidents dans l’ensemble de leurs activités quotidiennes – lever, toilette, repas, animation, Interventions Non-Médicamenteuses (INM), etc. – et ce, en toute autonomie. « Elles n’ont pas de fiches de poste, mais des missions, qu’elles peuvent réaliser quand elles le souhaitent », en fonction des envies, des besoins et du projet personnalisé de chacun. « Grâce à cette organisation, si un résident souhaite se lever à 10h, nous pouvons le faire ».

De quoi redonner du sens à la mission des soignants. « Avant, ils avaient tendance à faire pour faire. Désormais, ils osent plus facilement proposer, innover, et nous constatons une diminution des accidents de travail ». C’est également le meilleur moyen « de gérer l’imprévisible, car l’humain est imprévisible », assure Marie Ponsonnet, convaincue des mérites de ce qu’elle considère comme l’avenir de l’accompagnement des personnes en EHPAD.

Positive Care

Sur ce point, les plus hautes instances du groupe Clariane, dont dépend la marque Korian, semblent d’ailleurs lui donner raison, Les Terrasses du XXème faisant office d’établissement-pilote afin d’évaluer, puis de potentiellement dupliquer le principe de maisonnées au sein du réseau. Il faut dire que l’approche s’inscrit pleinement dans le concept de Positive Care qui a vocation à guider l’ensemble des activités et des métiers du groupe.

Apparue il y a quelques années, déjà dans l’idée de « réhumaniser le secteur », souligne le Pr Antoine Piau, directeur médical, éthique et innovation en santé de Clariane, cette notion fait désormais l’objet d’une définition unique et partagée, basée sur trois points clés : la prise en charge d’une personne dans sa globalité et son individualité – grâce notamment à la mise en place de dispositifs permettant de mieux la connaître dès son entrée en établissement – ; de manière personnalisée ; et en privilégiant le recours aux INM. Un concept qui, au-delà du seul soin, entend se décliner aussi bien aux ressources humaines et à l’hôtellerie-restauration, qu’aux relations avec les familles, à l’image de l’engagement de répondre aux questions qu’elles pourraient se poser dans un délai de 48h.

« L'option qui a été retenue, c’est de faire une sorte d’inventaire des meilleures pratiques de terrain, d’en dégager des convergences, et à partir de celles-ci, de construire une philosophie de groupe différenciante. Nous nous sommes ainsi rendu compte qu'il y avait une grande intelligence du réseau et le résultat est bon, voire très bon », développe Antoine Piau.

Intelligence locale et score de considération

En partant de cette intelligence collective, et à côté de certains impondérables comme le recueil des rythmes de la personne, ou la mise en œuvre d’INM recouvrant l’ensemble des types de thérapies – fonctionnelles, comportementales et cognitives –, Clariane entend néanmoins laisser la main aux établissements dans leur manière d’incarner le Positive Care sur le terrain, endossant pour sa part, le rôle de support. « Nous avons fait le choix de ne pas leur imposer d’outils, car le risque serait de très vite entrer dans des process et finalement anesthésier tout le monde. Pour les INM par exemple, nous mettons à leur disposition un catalogue regroupant celles qui font l’objet de preuves scientifiques et qui bénéficient de retours d’expérience positifs. Il n’y a pas de mauvais choix, l’important est que les équipes se les approprient et qu’elles soient adaptées aux profils des résidents, qui ne sont pas les mêmes partout. Nous faisons confiance à leur intelligence locale », justifie le directeur médical. Ainsi, là où un EHPAD s’orientera vers de la zoothérapie, un autre aura tendance à opter pour la musicothérapie.

À court et moyen terme, l’autre enjeu de la feuille de route de Clariane vise à évaluer la pertinence et l’efficacité de la mise en œuvre de sa nouvelle approche. Et pour cela, le groupe a souhaité ajouter une corde à son arc, en intégrant un score de considération aux usuels enquêtes et questionnaires de satisfaction. « Ma conviction est que l’on peut dispenser des prises en charge de qualité, qui respectent les meilleures pratiques, toutes les recommandations, il n’en demeure pas moins la question du ressenti. Pour parvenir à des projets personnalisés qui coïncident véritablement avec les souhaits des patients, nous nous devons d’évaluer les trois dimensions que sont la qualité objective de la prise en charge, la satisfaction, qui correspond à la reconnaissance plus subjective de cette qualité, mais également la considération, ou pour être plus clair, comment sur une échelle de 1 à 10, la personne s’est sentie respectée dans son humanité », explique Nicolas Mérigot, directeur général de Clariane France.

« Nous sommes prêts à avoir de mauvais résultats au début, l’idée étant vraiment de progresser, de faire de mieux en mieux en 2024, en 2025, etc., en analysant les verbatims », insiste quant à lui le Pr Piau.

> Article paru dans Ehpadia #35, édition d’avril 2024, à lire ici 



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