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Plus de dix ans d’innovations au Foyer du Romarin


Publié le Mercredi 9 Décembre 2020 à 11:58

Au début des années 2010, le Foyer du Romarin, EHPAD associatif situé à Clapiers, en périphérie de Montpellier, a su faire parler de lui grâce à une politique résolument tournée vers l’innovation et plus particulièrement vers la mise en place de NTIC*. Dix ans plus tard, après un changement de direction, nous avons voulu savoir ce qu’il restait de cette approche.


©Foyer du Romarin
En 2004, il y a eu la mise en place d’un cyber salon de thé intergénérationnel, puis quelques années plus tard, celle du premier atelier Wii [console de jeu vidéo, NDLR] en EHPAD d’Europe. S'en sont suivies, au tournant des années 2010, l’utilisation de tablettes numériques, la création d’une application iPhone pour l’établissement, et peu de temps après, l’arrivée du robot-compagnon Jazz dans le cadre d’une expérimentation. « L’ancien directeur était très porté sur les NTIC, ce qui a mené à beaucoup de présentations de nouvelles technologies », explique Johanna Souil, qui a pris la direction de l’établissement héraultais, il y a de cela deux ans.

Réalité virtuelle

Plus récemment, un projet mené avec la fondation Bruneau a permis à la résidence d’acquérir des casques de réalité virtuelle. « Le but était de permettre aux résidents de s’évader en retrouvant des endroits qu’ils connaissaient, tout en favorisant des échanges intergénérationnels », explique Jean-Claude Pavlista, animateur et porteur de l’initiative. Des jeunes du coin avaient, par exemple, la mission d’aller filmer leurs promenades dans les forêts environnant Clapiers. De quoi, au passage, attiser leur curiosité et les inciter à venir à l’EHPAD.
Malgré un « fabuleux » lancement, l’initiative s’est pourtant avérée compliquée à mettre en place, les résidents ayant du mal à porter les casques plus d’une minute ou deux. « La réalité virtuelle peut être déstabilisante. Surtout pour des personnes atteintes de troubles cognitifs. Et pour un public plus autonome, mettre un casque décoiffe et peut faire mal aux oreilles », analyse la directrice.

Intérêts et limites des NTIC

« Les nouvelles technologies sont à double tranchant pour les résidents actuels, car ils n’y sont pas encore habitués », poursuit Johanna Souil, concluant que le projet était certainement « un peu en avance sur son temps ». Pour Jean-Claude Pavlista, ces derniers peuvent néanmoins trouver leur compte dans nombre de NTIC, et notamment au travers du web. « C’est un vecteur de contact, de sociabilité. Et à force d’en parler, ça les intéresse », constate-t-il. 
Autre avantage selon lui, internet offre la possibilité de mettre en œuvre de nombreux projets, sans avoir à débourser quoi que ce soit. Il prend ainsi l’exemple d’une résidente en fin de vie qui souhaitait revoir sa maison. Le professionnel a pu accéder à sa demande grâce à une simple visite sur Google Maps. « Elle a même reconnu la voiture de son fils », se remémore-t-il. « Ce qu’ils aiment, c’est voyager, sortir de leur environnement. Il suffit de savoir ce qu’ils ont envie de voir ». Et d’oser se lancer.

TV connectées et signalétique repensée

Le Foyer du Romarin innove en se « projetant dans l’avenir », comme l’explique sa directrice. « En ce moment, nous retapons un vieux bus pour mettre en place la thérapie du voyage. On sait que cela fonctionne bien et que cette approche a l’avantage d’être plus englobante que la réalité virtuelle », détaille-t-elle ainsi. L’EHPAD dispose également de peluches, de plaids sensoriels et s’oriente vers l’acquisition de vélos connectés.
Tous les projets innovants sont discutés en réunions pluridisciplinaires. « On essaie ensuite de monter des dossiers de subventions, car il en existe plein pour les EHPAD. Puis, nous testons. Parfois ça fonctionne, d’autres non ». Parmi les idées en attente de concrétisation, Johanna Souil évoque l’installation de téléviseurs connectés dans les chambres et la création d’une chaîne interne. Ou encore, des initiatives visant à aider les résidents à se repérer dans l’établissement via une signalétique au sol, mais également la mise en place de stickers thérapeutiques et de totems interactifs.

Innover autrement

Mais la dimension innovante du Foyer du Romarin est loin de se limiter aux nouvelles technologies. Elle entend aussi répondre aux problématiques issues des réalités du terrain, comme le manque de moyens humains. « Nous essayons de trouver des facilitateurs d’organisation, détaille la directrice. Nous avions, par exemple, des problèmes d’organisation en cuisine. Nous avons donc investi dans des fours permettant de programmer certaines recettes ».
« Nous avons également effectué un gros travail sur la fidélisation du personnel », ajoute-t-elle. En créant une salle de repos, en investissant dans la salle de détente, ou encore, en offrant des petits-déjeuners tous les lundis matin et un cours de sport une fois par semaine. « Il s’agit d’un travail global pour aller tous dans la même direction, et depuis deux ans, nous voyons vraiment la différence au niveau des ressources humaines, avec une baisse du turnover. Force est de constater que cela fonctionne ».

Une approche globale et bienveillante

Car de son expérience passée dans le privé, Johanna Souil a retenu une leçon : « Mettre l’aspect financier au premier plan n’est pas la bonne solution. Ce sont les ressources humaines et l’accompagnement qui permettent que tout le reste fonctionne ». Et même si certaines difficultés peuvent perdurer, aujourd’hui, elle se satisfait d’être parvenue à créer un véritable lien de confiance avec ses salariés. « Nous sommes tous portés par les mêmes valeurs, et à l’écoute les uns des autres. Construire, avancer ensemble, cela n’a pas de prix ! ».
Au cœur de ces valeurs figure la bientraitance. Les équipes du Foyer du Romarin seront ainsi bientôt formées à l’approche Montessori. Une philosophie qui se retrouve dans la démarche de labellisation NF Service « Cadre éthique et engagement de service », dans laquelle la résidence s’est engagée en 2007, devenant au passage, le troisième EHPAD de France à l’obtenir. « Même si nous sommes bien conscients que nous ne pouvons pas faire des miracles, nous essayons d’offrir une fin de vie sereine à nos résidents, avec une approche la plus personnalisée possible », conclut Johanna Souil.


*Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.




Article publié sur le numéro d'octobre d'Ehpadia à consulter ici


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