Gabriel Birgand, responsable du CPias Pays-de-la-Loire. ©DR
En se concentrant exclusivement sur les soins de ville et les EHPAD, la mission PRIMO (Prévention de la Résistance aux antibiotiques et des Infections associées aux soins en soins de ville et en secteur MédicO-Social) se différencie sensiblement des autres missions nationales constituant le RéPias (Réseau de Prévention des Infections Associées aux Soins). Mais elle s’articule elle aussi autour des notions de prévention et de surveillance, deux volets « indissociables » pour Gabriel Birgand, responsable du CPias Pays-de-la-Loire, principal porteur du programme, auquel est également associé le CPias Grand-Est. « PRIMO comporte trois axes : la surveillance de la résistance aux antibiotiques, sa prévention et, de manière plus large, la prévention des infections associées aux soins, autour desquels les équipes des CPias multiplient les initiatives et les contacts sur le terrain », détaille-t-il. Avec déjà quelques réalisations notablesmalgré la complexité inhérente à la mission, à mettre en regard avec l’éclatement géographique des professionnels et structures concernés et la diversité de leurs métiers.
Le réseau MedQualVille renforcé
Concernant la surveillance de la résistance aux antibiotiques, les équipes de PRIMO se sont basées sur MedQualVille, un réseau créé en 2004 dans les Pays-de-la-Loire. Alimenté, sur la base du volontariat, par des laboratoires de biologie médicale (LBM), il permet de suivre les évolutions des souches bactériologiques Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Enterobacter cloacae complex et Staphylococcus aureuset de leurs résistances. L’enquête 2019 s’est ainsi nourrie des antibiogrammes transmis par 1 016 LBM, dont les données consolidées ont été intégrées à la base de données du réseau MedQualVille. Ces informations ont ensuite été traitées par les équipes de PRIMO et publiées sous la forme d’une cartographie, afin que les professionnels et le grand public puissent mieux se rendre compte du développement de l’antibiorésistance par bactérie, antibiotique et année. Des rapports sont, en parallèle, régulièrement transmis aux participants, aux acteurs régionaux et aux tutelles.
Pour parfaire cette organisation déjà bien rodée, les équipes du CPias Pays-de-la-Loire comptent bien mobiliser toujours plus de LBM partout en France. Certaines villes et régions sont en effet mieux représentées que d’autres. C’est notamment le cas de l’Ouest où MedQualVille est historiquement bien implanté, de la Bourgogne-Franche-Comté via le réseau Oscar, ou encore de la Normandie par le réseau Normantibio. À l’inverse, « l’Île-de-France reste pour l’instant assez peu représentée », regrette Gabriel Birgand qui compte sur « la visibilité et les moyens » apportés par PRIMO pour continuer de développer le réseau MedQualVille. « En quelques mois, nous avons quasiment quintuplé le nombre de LBM impliqués. Nous recensons aujourd’hui plus de 1 000 laboratoires participants, soit presque un quart des établissements français », ajoute-t-il.
Pour parfaire cette organisation déjà bien rodée, les équipes du CPias Pays-de-la-Loire comptent bien mobiliser toujours plus de LBM partout en France. Certaines villes et régions sont en effet mieux représentées que d’autres. C’est notamment le cas de l’Ouest où MedQualVille est historiquement bien implanté, de la Bourgogne-Franche-Comté via le réseau Oscar, ou encore de la Normandie par le réseau Normantibio. À l’inverse, « l’Île-de-France reste pour l’instant assez peu représentée », regrette Gabriel Birgand qui compte sur « la visibilité et les moyens » apportés par PRIMO pour continuer de développer le réseau MedQualVille. « En quelques mois, nous avons quasiment quintuplé le nombre de LBM impliqués. Nous recensons aujourd’hui plus de 1 000 laboratoires participants, soit presque un quart des établissements français », ajoute-t-il.
Dans les EHPAD, une population à risque et des indicateurs spécifiques
Ces LBM traitant très souvent avec les EHPAD locaux, la surveillance de l’antibiorésistance au sein de ces établissements s’en trouve facilitée. Le type de logement du patient – en EHPAD ou à domicile – est d’ailleurs indiqué lors du transfert de données des LBM vers l’e-outil de MedQualVille.« Il est pertinent de distinguer les résidents car si l’on observe des différences régionales, il existe aussi des différences populationnelles », précise Gabriel Birgand. Grand âge, vie en collectivité, hospitalisations fréquentes… « Plusieurs caractéristiques de la vie des résidents en font une population à risque, qu’il est donc particulièrement important de surveiller plus attentivement », explique le pharmacien épidémiologiste.
Parallèlement à cette mission de surveillance, PRIMO développe la prévention de l’antibiorésistance par un appui au bon usage des antibiotiques en ville comme dans les EHPAD. Pour les professionnels de ville, les équipes du CPias contribuent à une formation par e-learning (e-Prevent-Image) et nouent un partenariat avec la plateforme d’informations Antibioclic. Un travail est actuellement en cours pour le développement d’indicateurs nationaux de bon usage des antibiotiques spécifiques des EHPAD, à la fois basés sur un volet quantitatif prenant en compte les données de l’Assurance maladie et un volet qualitatif « via des proxi-indicateurs, c’est-à-dire des calculs statistiques », détaille Gabriel Birgand. Actuellement en cours de constitution avec le ministère des Solidarités et de la Santé, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’agence Santé Publique France, ces indicateurs ne devraient pas être disponibles avant 2022.
Parallèlement à cette mission de surveillance, PRIMO développe la prévention de l’antibiorésistance par un appui au bon usage des antibiotiques en ville comme dans les EHPAD. Pour les professionnels de ville, les équipes du CPias contribuent à une formation par e-learning (e-Prevent-Image) et nouent un partenariat avec la plateforme d’informations Antibioclic. Un travail est actuellement en cours pour le développement d’indicateurs nationaux de bon usage des antibiotiques spécifiques des EHPAD, à la fois basés sur un volet quantitatif prenant en compte les données de l’Assurance maladie et un volet qualitatif « via des proxi-indicateurs, c’est-à-dire des calculs statistiques », détaille Gabriel Birgand. Actuellement en cours de constitution avec le ministère des Solidarités et de la Santé, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’agence Santé Publique France, ces indicateurs ne devraient pas être disponibles avant 2022.
Entre 10 et 15 frictions de SHA par jour et par résident
D’autres outils ont d’ores-et-déjà permis de quantifier les pratiques en EHPAD, notamment en ce qui concerne la consommation de solution hydro-alcoolique (SHA), car, comme le rappelle Gabriel Birgand, « l’observance des précautions standard d’hygiène représente le premier rempart contre l’antibiorésistance et les infections associées aux soins ». En 2019, les équipes du CPias Pays-de-la-Loire se sont donc rapprochées de 1 290 EHPAD, répartis sur 13 régions, pour connaître le volume de SHA acheté au cours de l’année et le nombre de journées d’hébergement réalisées par ces établissements. « On estime qu’une friction de SHA consomme 3 ml de produits, explique l’hygiéniste. Partant de là, nous avons pu estimer que le nombre de friction était entre un et deux par jour et par résident en EHPAD. C’est bien trop peu ! ». L’épidémiologiste estime en effet que le ratio devrait se situer entre 10 et 15 frictions de SHA par jour et par résident. « Ces chiffres ont certainement évolué suite à la crise sanitaire mais il est à craindre que cette mauvaise observance n’ait eu un impact non négligeable au début de l’épidémie », regrette-t-il.
- Plus d’informations sur le site de Primo : https://antibioresistance.fr.
Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici
- Plus d’informations sur le site de Primo : https://antibioresistance.fr.
Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici
Plusieurs outils pour aider les EHPAD à faire face à la crise sanitaire
Devant l’ampleur de la crise sanitaire et son impact sur les établissements médico-sociaux, les équipes de PRIMO ont créé une page dédiée au Covid dès le mois de mars 2020. « Les ESMS [établissements sociaux et médico-sociaux, NDLR] sont souvent noyés sous une multitude d’informations, et cela était encore plus vrai au début de la crise sanitaire. Il nous paraissait donc important de créer un espace qui puisse les centraliser et les synthétiser », raconte Gabriel Birgand. Fiches, conseils, recommandations, y sont ainsi toujours disponibles pour les ESMS mais aussi pour les professionnels de ville.
Deux outils ont en outre été développés pour aider les EHPAD à faire face à la crise du Covid-19 : un outil d’auto-évaluation de la prévention, et une checklist de gestion de l’épidémie. « L’utilisateur crée un compte à l’aide du numéro FINESS de l’établissement », détaille Gabriel Birgand. L’outil d’auto-évaluation lui permet ensuite de répondre à une série de questions allant de la configuration architecturale des lieux aux mesures d’anticipation épidémique, en passant par les pratiques de soins, par exemple. « Une fois le questionnaire terminé, l’outil produit un document PDF avec les réponses, des commentaires et une documentation associée », poursuit-il. Pour aller plus loin, le site s’est doté en janvier 2021 d’une checklist des dispositions à prendre en cas d’une épidémie à Covid-19 en établissement. Utilisé plus d’une centaine de fois dès les premières semaines de sa mise en ligne, ce nouvel outil est une fois de plus particulièrement simple à utiliser : deux pages divisées en trois parties et reprenant les principales actions à mettre en place en cas d’épidémie, auprès des résidents, du personnel, des intervenants extérieurs, etc.
- Plus d’informations sur https://antibioresistance.fr/covid19.
Devant l’ampleur de la crise sanitaire et son impact sur les établissements médico-sociaux, les équipes de PRIMO ont créé une page dédiée au Covid dès le mois de mars 2020. « Les ESMS [établissements sociaux et médico-sociaux, NDLR] sont souvent noyés sous une multitude d’informations, et cela était encore plus vrai au début de la crise sanitaire. Il nous paraissait donc important de créer un espace qui puisse les centraliser et les synthétiser », raconte Gabriel Birgand. Fiches, conseils, recommandations, y sont ainsi toujours disponibles pour les ESMS mais aussi pour les professionnels de ville.
Deux outils ont en outre été développés pour aider les EHPAD à faire face à la crise du Covid-19 : un outil d’auto-évaluation de la prévention, et une checklist de gestion de l’épidémie. « L’utilisateur crée un compte à l’aide du numéro FINESS de l’établissement », détaille Gabriel Birgand. L’outil d’auto-évaluation lui permet ensuite de répondre à une série de questions allant de la configuration architecturale des lieux aux mesures d’anticipation épidémique, en passant par les pratiques de soins, par exemple. « Une fois le questionnaire terminé, l’outil produit un document PDF avec les réponses, des commentaires et une documentation associée », poursuit-il. Pour aller plus loin, le site s’est doté en janvier 2021 d’une checklist des dispositions à prendre en cas d’une épidémie à Covid-19 en établissement. Utilisé plus d’une centaine de fois dès les premières semaines de sa mise en ligne, ce nouvel outil est une fois de plus particulièrement simple à utiliser : deux pages divisées en trois parties et reprenant les principales actions à mettre en place en cas d’épidémie, auprès des résidents, du personnel, des intervenants extérieurs, etc.
- Plus d’informations sur https://antibioresistance.fr/covid19.