Médico-social et santé, lorsque le numérique bouscule les frontières
« Le numérique et la e-santé plus particulièrement ne permettront pas à eux seuls de répondre au défi du bien-vieillir, du vieillir comme chacun le souhaite » expose tout d’abord Catherine Durand, Présidente de Castres-Mazamet Technopole et Présidente de l’Université de la e-santé « cependant, il devient évident que l’apport du numérique, tant dans le domaine médico-social que sanitaire, fait tomber la frontière qui existe entre eux et implique donc de revoir les politiques publiques en ce sens ».
Cette nécessaire évolution est liée notamment, à deux éléments clés de la transformation : les besoins, sans cesse croissants, et les innovations. Autrement dit, le modèle à dessiner est tout autant lié à l’offre de services et solutions qu’aux besoins de la population et des professionnels qui l’accompagnent.
C’est pourquoi le winter camp de l’Université de la e-santé s’ouvrira par une table ronde sur le thème « Le numérique au service du bien vieillir chez soi : besoins et innovations ».
Cette nécessaire évolution est liée notamment, à deux éléments clés de la transformation : les besoins, sans cesse croissants, et les innovations. Autrement dit, le modèle à dessiner est tout autant lié à l’offre de services et solutions qu’aux besoins de la population et des professionnels qui l’accompagnent.
C’est pourquoi le winter camp de l’Université de la e-santé s’ouvrira par une table ronde sur le thème « Le numérique au service du bien vieillir chez soi : besoins et innovations ».
Lorsque l’empowerment devient majeur
Pour Hervé Pingaud, Professeur des Universités, INU Champollion – École ISIS, qui animera la table ronde d’ouverture du winter camp, l’empowerment des personnes âgées est l’un des éléments clés du futur du bien vieillir : « Aujourd’hui, la majorité des modèles, des solutions qui sont sur le marché ou en cours d’expérimentation, a été développée en prenant en compte des éléments reposant sur un modèle de capacité, d’une échelle multi-factorielle d’autonomie, évaluation qui est nourrie par des données sur ce que chaque personne souhaite faire, souhaite vivre au quotidien ».
De fait, si le numérique peut permettre de désengorger les structures d’accompagnement à domicile, encore faut-il que les usages se développent. L’appropriation du numérique par les personnes âgées en perte d’autonomie ou non, doit donc s’appuyer sur leurs attentes et leurs volontés.
Dans ce cadre, l’éditeur de logiciels Berger-Levrault a développé une démarche spécifique en collaboration avec l’école d’ingénieurs ISIS. Cette démarche repose sur le Connected Health Lab, le living lab de l’école, et sur une vision intégrative et systémique. Son objectif : permettre à chaque usager, bénéficiaire, personne âgée d’avoir la capacité de décider et ainsi être pleinement acteur de ses parcours de santé et de vie.
« Il s’agit de permettre d’accéder à une chaîne de guidage, non de pilotage, non intrusive, où chacun peut vivre différemment selon son désir et sa vision du bien vieillir, et en débutant avant même les premiers signes de fragilité » précise Hervé Pingaud.
De fait, si le numérique peut permettre de désengorger les structures d’accompagnement à domicile, encore faut-il que les usages se développent. L’appropriation du numérique par les personnes âgées en perte d’autonomie ou non, doit donc s’appuyer sur leurs attentes et leurs volontés.
Dans ce cadre, l’éditeur de logiciels Berger-Levrault a développé une démarche spécifique en collaboration avec l’école d’ingénieurs ISIS. Cette démarche repose sur le Connected Health Lab, le living lab de l’école, et sur une vision intégrative et systémique. Son objectif : permettre à chaque usager, bénéficiaire, personne âgée d’avoir la capacité de décider et ainsi être pleinement acteur de ses parcours de santé et de vie.
« Il s’agit de permettre d’accéder à une chaîne de guidage, non de pilotage, non intrusive, où chacun peut vivre différemment selon son désir et sa vision du bien vieillir, et en débutant avant même les premiers signes de fragilité » précise Hervé Pingaud.
Transformation digitale de l’offre médico-sociale, qu’attendons-nous ?
Qu’attendons-nous ? Une question à double sens pour ce grand débat du winter camp de l’Université de la e-santé. Qu’attendons-nous de la transformation digitale, mais aussi qu’attendons-nous pour y engager pleinement l’offre médico-sociale, quels freins existent-ils ?
Pour Johan Girard, Délégué national de la filière personnes âgées et domicile, de la Croix-Rouge française, ces deux interrogations sont intimement liées. « S’intéresser aux attentes des personnes âgées en termes d’offre médico-sociale numérique et d’e-santé est une question importante, toutefois un préalable est nécessaire. Y répondre implique tout d’abord de lever un frein, celui de la prise de connaissance et d’acculturation. De fait, comment pouvons-nous demander à des personnes qui, en grand nombre, sont victimes de la fracture numérique, sans leur apporter tout d’abord un niveau de connaissance de ce qu’est le numérique et des solutions offertes ? ».
Le niveau d’acculturation au numérique et à la e-santé d’une large part de la population âgée, mais également de celle des personnes en situation de handicap et de limitations fonctionnelles, est non seulement un frein, mais également un enjeu éthique. De plus, cet enjeu dépasse les personnes âgées elles-mêmes, dépendantes ou non, et concerne tout autant les professionnels amenés à les accompagner.
Au sein de la Croix-Rouge française, la première étape de la transformation numérique s’est donc adressée aux professionnels et aux bénévoles. « Nous mettons en place, de façon transversale à l’ensemble de nos activités, des conseillers numériques dans le cadre du Plan de relance gouvernemental » précise Johan Girard. « Ces conseillers ont été formés pour prendre en charge la formation des parties prenantes de la Croix-Rouge française mais aussi la personnalisation et l’accompagnement des bénéficiaires et de leur entourage aidant ».
En parallèle, c’est aussi une politique de formation au numérique médico-social et à la e-santé via des MOOC qui a été déployée. De l’apport et du bon usage de la musicothérapie en Ehpad en passant par les détecteurs de chutes connectés à domicile, les principaux outils domotiques et e-santé sont ainsi présentés et vulgarisés en une vingtaine de minutes.
Aux freins préexistants à la transformation digitale de l’offre médico-sociale, s’ajoute aussi la barrière des territoires, les déserts numériques. Ces derniers doivent être perçus de façon organisationnelle. De fait, il s’agit aussi de déserts numériques au sens strict, sans accès, mais aussi de territoires où la capacité ne suit pas l’évolution technologique. Déployer des solutions s’appuyant, par exemple, sur de la réalité virtuelle est dans certains cas voué à l’échec, car dès la première tentative de connexion le service ne répondra pas et sera donc déceptif.
Pour Johan Girard : « Ces problématiques avancent. La sanctuarisation au sein du PLFSS et donc de la LFSS 2022 de certains aspects est un premier pas vers une nouvelle structuration de l’offre avec une part de numérique financée ou encore à travers les actions financées par Ma Santé 2022 mais l’engagement nécessite d’être renforcé. »
De fait, ce premier point marque peut-être le véritable virage annoncé par Catherine Durand : la fin de la frontière entre médico-social et santé. Toutefois, il s’agit d’un chantier ambitieux tant l’éclatement du sujet entre ministères et secrétariat d’État reste important en ce domaine.
Pour Johan Girard, Délégué national de la filière personnes âgées et domicile, de la Croix-Rouge française, ces deux interrogations sont intimement liées. « S’intéresser aux attentes des personnes âgées en termes d’offre médico-sociale numérique et d’e-santé est une question importante, toutefois un préalable est nécessaire. Y répondre implique tout d’abord de lever un frein, celui de la prise de connaissance et d’acculturation. De fait, comment pouvons-nous demander à des personnes qui, en grand nombre, sont victimes de la fracture numérique, sans leur apporter tout d’abord un niveau de connaissance de ce qu’est le numérique et des solutions offertes ? ».
Le niveau d’acculturation au numérique et à la e-santé d’une large part de la population âgée, mais également de celle des personnes en situation de handicap et de limitations fonctionnelles, est non seulement un frein, mais également un enjeu éthique. De plus, cet enjeu dépasse les personnes âgées elles-mêmes, dépendantes ou non, et concerne tout autant les professionnels amenés à les accompagner.
Au sein de la Croix-Rouge française, la première étape de la transformation numérique s’est donc adressée aux professionnels et aux bénévoles. « Nous mettons en place, de façon transversale à l’ensemble de nos activités, des conseillers numériques dans le cadre du Plan de relance gouvernemental » précise Johan Girard. « Ces conseillers ont été formés pour prendre en charge la formation des parties prenantes de la Croix-Rouge française mais aussi la personnalisation et l’accompagnement des bénéficiaires et de leur entourage aidant ».
En parallèle, c’est aussi une politique de formation au numérique médico-social et à la e-santé via des MOOC qui a été déployée. De l’apport et du bon usage de la musicothérapie en Ehpad en passant par les détecteurs de chutes connectés à domicile, les principaux outils domotiques et e-santé sont ainsi présentés et vulgarisés en une vingtaine de minutes.
Aux freins préexistants à la transformation digitale de l’offre médico-sociale, s’ajoute aussi la barrière des territoires, les déserts numériques. Ces derniers doivent être perçus de façon organisationnelle. De fait, il s’agit aussi de déserts numériques au sens strict, sans accès, mais aussi de territoires où la capacité ne suit pas l’évolution technologique. Déployer des solutions s’appuyant, par exemple, sur de la réalité virtuelle est dans certains cas voué à l’échec, car dès la première tentative de connexion le service ne répondra pas et sera donc déceptif.
Pour Johan Girard : « Ces problématiques avancent. La sanctuarisation au sein du PLFSS et donc de la LFSS 2022 de certains aspects est un premier pas vers une nouvelle structuration de l’offre avec une part de numérique financée ou encore à travers les actions financées par Ma Santé 2022 mais l’engagement nécessite d’être renforcé. »
De fait, ce premier point marque peut-être le véritable virage annoncé par Catherine Durand : la fin de la frontière entre médico-social et santé. Toutefois, il s’agit d’un chantier ambitieux tant l’éclatement du sujet entre ministères et secrétariat d’État reste important en ce domaine.
En pratique
E-santé : donnons le pouvoir d’agir aux acteurs du médico-social.
Mercredi 2 février 2022, de 14h00 à 17h00.
Programme complet et inscription : https://www.universite-esante.com/winter-camp-2022/
E-santé : donnons le pouvoir d’agir aux acteurs du médico-social.
Mercredi 2 février 2022, de 14h00 à 17h00.
Programme complet et inscription : https://www.universite-esante.com/winter-camp-2022/