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Les soignants, entre soins et maintien du lien


Publié le Mardi 1 Septembre 2020 à 09:39

En “première ligne” face à l’épidémie, les équipes soignantes des EHPAD se sont mobilisées partout en France pour limiter l’impact du confinement sur les résidents. Devant l’inquiétude des familles, elles ont également multiplié les efforts pour maintenir ce lien si précieux.


Guillaume Gontard, président de la Fédération Nationale des Associations d’Aides-Soignants. ©DR
En contact permanent avec les résidents tout au long du confinement, les équipes soignantes de tous les établissements médico-sociaux ont été plusieurs semaines durant au cœur de la crise sanitaire. Modification de l’état de santé, troubles du comportement, suivi de l’état psychologique… Aides-soignants comme infirmiers ont redoublé d’attention afin de limiter l’impact de cet épisode exceptionnel sur les résidents. Alors que les inconnues étaient nombreuses et que la situation évoluait au jour le jour, ces équipes étaient aux prises avec une angoisse latente. « Le plus dur n’a pas été le confinement en soi, mais la peur. La peur pour nous, pour nos familles, pour les résidents », confie Florence, aide-soignante dans une Unité de Soins de Longue Durée (ULSD) en Bretagne. Malgré leurs craintes et leurs inquiétudes – peur de contracter le virus, de contaminer leur entourage – les équipes n’en ont pas moins tenu, assurant ainsi la continuité des soins pour les résidents. 

« Être les plus présents possible » pour les familles

Confrontées chaque soir au décompte des décès dus au SARS-CoV-2, dans un premier temps dans les hôpitaux puis dans les EHPAD, les familles ont aussi fait face à cette peur. Pour les équipes soignantes, l’enjeu de ces dernières semaines résidait donc tout autant dans la prise en charge des résidents que dans le maintien des liens sociaux avec les proches et aidants. « Nous recevions beaucoup plus d’appels que d’habitude, certains appelaient même plusieurs fois par jour », se rappelle Florence pour qui cette situation a engendré une augmentation de la charge de travail – qu’elle juge néanmoins « nécessaire ». 
« Nous comprenons tous la douleur des familles, confie-t-elle. Pour l’atténuer et rassurer, nous avons essayé d’être les plus présents possible ». Afin de limiter les sentiments de solitude et d’isolement, de nombreux établissements se sont ainsi tournés vers les technologies numériques, avec en tête de liste la visioconférence

Des liens resserrés avec les aidants familiaux

Mise en place parfois sans réelle préparation par les équipes, l’expérience a assurément été marquante. « Nous sommes rapidement entrés en contact avec les familles afin de mettre en œuvre l’outil de visioconférence », raconte Florence qui avoue avoir également « dépanné des aidants ». « Beaucoup sont des personnes âgées n’ayant pas l’habitude de ces technologies. Ils ont, pour la plupart, demandé de l’aide à leur propre famille mais quand cela n’était pas possible, nous intervenions au téléphone pour débloquer la situation », poursuit l’aide-soignante pour qui cette situation a aussi permis de resserrer les liens entre les aidants et les soignants. 

Pénurie d’EPI et de personnel

Dans beaucoup d’établissements, le manque de préparation à ce type de situation sanitaire exceptionnelle a donc été pallié par les équipes soignantes elles-mêmes, qui ont multiplié les initiatives pour limiter les effets de la crise sur les personnes accueillies en institution. Mais cette impréparation a également eu des effets sur leur propre sécurité : de nombreuses voix se sont élevées pour alerter les pouvoirs publics sur le manque d’Équipements de Protection Individuels (EPI), et plus particulièrement des masques, au sein des EHPAD. 
Regroupant les aides-soignants exerçant dans différents types d’établissements, aussi bien sanitaires que médico-sociaux, la Fédération Nationale des Associations d’Aides-Soignants (FNAAS) a été de celles-là, s’inquiétant de voir de plus en plus d’EHPAD faire appel à la solidarité locale pour assurer la sécurité de leurs équipes, alors même que celles-ci composaient avec des effectifs réduits et une surcharge de travail. 
« Face à l’épidémie et aux mesures de confinement, certains établissements de soins ont préféré ne pas faire appel à des intervenants extérieurs », constate Guillaume Gontard, président de la FNAAS, pour qui la situation a engendré un paradoxe : « la surcharge de travail pour certains et la diminution de l'activité pour d'autres ». « Déjà très présentes, les problématiques liées au personnel des EHPAD ont été exacerbées par la crise sanitaire », continue-t-il. 

Vers une revalorisation du métier d’aide-soignant ?

Pour le représentant professionnel, cette situation doit poser la question du taux d’encadrement au sein des établissements, des moyens attribués à leurs équipes et, plus largement, de « la reconnaissance » de celles-ci. « Les encadrants au sens large, c’est-à-dire à niveau national comme à l’échelle locale, doivent être plus à l’écoute des aides-soignants, leur laisser plus de place et ne pas hésiter à leur donner plus de responsabilités », ajoute Guillaume Gontard, pour qui le manque de marge de manœuvre auquel sont aujourd’hui confrontés ses confrères est notamment dû à la déconsidération d’un métier nécessitant moins de diplômes que d’autres. « Cette situation, nous la combattons depuis des années, poursuit-il. Pour améliorer l’attractivité de notre métier, il faudra pourtant en passer par une reconnaissance financière et identitaire ». 



Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
 


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