Hélène Marconcini et Julie Lstiburek, responsables de la blanchisserie et de la logistique de la clinique et des EHPAD Sainte-Élisabeth. ©DR
Fonction support indispensable au bon fonctionnement des établissements sanitaires et médico-sociaux, les blanchisseries hospitalières et inter-hospitalières n’ont pas échappé à la crise sanitaire. Si la très grande majorité a dû faire face à une demande accrue en matière de traitement des vêtements professionnels, et plus particulièrement les surblouses textiles eu égard à la rupture des produits à usage unique, les structures traitant avec les EHPAD ont, pour la plupart, été également confrontées à une augmentation des volumes traités et une diversification des articles pris en charge. En cause : le confinement des établissements qui, en empêchant de nombreuses familles de traiter le linge de leurs proches, a induit le traitement intégral du linge des résidents par les blanchisseries elles-mêmes. « Sur 300 résidents, 15 % traitent d’ordinaire leur linge en externe », détaille Patrick Lstiburek, directeur de la clinique et des EHPAD Sainte-Élisabeth de Yutz, en Moselle.
S’adapter pour accueillir du nouveau linge
Guillaume Baldinho, directeur de la Blanchisserie des Pays de Rance. ©DR
Si, dans ce cas précis, le changement a été relativement minime, d’autres établissements ont dû adapter leurs pratiques pour pouvoir intégrer ce nouveau type de linge. C’est notamment le cas de la Blanchisserie des Pays de Rance (BPR), en Bretagne, qui traite en temps normal une tonne de linge résident par jour en moyenne. « Afin d’offrir le suivi le plus sûr possible à nos adhérents et aux résidents, nous sommes équipés d’un système de traçabilité Ultra Haute Fréquence – Radio Frequency Identification (UHF-RFID) qui nous permet d’identifier automatiquement le propriétaire de chaque article », explique Guillaume Baldinho, directeur opérationnel de cette blanchisserie inter-hospitalière. Mais le linge des résidents habituellement non pris en charge n’est, lui, pas marqué. La BPR a donc dû repenser ses circuits pour pouvoir accueillir ces nouveaux articles. Basée sur des filets pour faciliter la différenciation des lots, ainsi que sur des fiches manuelles d’identification, cette réorganisation « était nécessaire en ces temps de crise », confie le responsable breton qui a également dû ouvrir ses portes à de nouveaux établissements ne pouvant plus assurer le traitement de leur linge, notamment à cause de la fermeture temporaire de certaines entreprises privées. « Nous avons dépanné un peu plus d’une dizaine d’EHPAD sur la région », continue Guillaume Baldinho pour qui « cette crise a mis en évidence le savoir-faire et la fiabilité des blanchisseurs hospitaliers ».
Des changements organisationnels et logistiques
Habituées à traiter du linge hospitalier potentiellement contaminé, ces blanchisseries n’ont d’ailleurs pas eu à modifier profondément leurs process. « Par précaution, nous avons néanmoins décidé de décontaminer systématiquement le linge à risque et le linge des résidents », précise Hélène Marconcini, responsable de la blanchisserie de la clinique et des EHPAD Sainte-Élisabeth.
« Nous sommes ainsi passés de 100 kg de linge décontaminé par mois, à deux tonnes au plus fort de la crise », ajoute la responsable qui a, elle aussi, fait face à une surcharge de travail principalement due à une utilisation accrue des vêtements professionnels au sein des établissements desservis. « Les équipes ont été réorganisées, permettant notamment aux chauffeurs formés au travail en blanchisserie d’y intervenir en cas de besoin », détaille Julie Lstiburek, responsable logistique de la clinique.
« Nous sommes ainsi passés de 100 kg de linge décontaminé par mois, à deux tonnes au plus fort de la crise », ajoute la responsable qui a, elle aussi, fait face à une surcharge de travail principalement due à une utilisation accrue des vêtements professionnels au sein des établissements desservis. « Les équipes ont été réorganisées, permettant notamment aux chauffeurs formés au travail en blanchisserie d’y intervenir en cas de besoin », détaille Julie Lstiburek, responsable logistique de la clinique.
De plus gros volumes de linge en forme
Henri Leroux, responsable de la blanchisserie du CHU de Rouen. ©DR
En Normandie, au sein de la blanchisserie du CHU de Rouen, les équipes ont également revu leurs organisations pour faire face à un changement d’équilibre entre les différents pôles : linge plat, linge en forme et linge à part. Multipliant par trois les rotations de ramassage du linge sale, les responsables de la blanchisserie ont restructuré leurs équipes afin de déployer une nouvelle flotte de véhicules légers. « Nous avons également réorganisé les plannings afin d’élargir notre amplitude horaire et pouvoir ainsi traiter le linge en forme de 5 h du matin à 20 h », précise Henri Leroux, responsable de la blanchisserie hospitalière. Contrairement à plusieurs de ses homologues, la blanchisserie normande a enregistré pendant le confinement une baisse des volumes de linge personnel traités, de l’ordre de 20 % environ. « Certains établissements avaient fait le choix de vêtir leurs résidents avec du linge hospitalier », explique le responsable. Ce même choix a d’ailleurs été fait par d’autres structures médico-sociales partout en France.
Des vêtements pensés pour les EHPAD
Catherine Diallo, responsable de la blanchisserie du CHU de Reims. ©DR
À Reims, par exemple, les résidents des EHPAD gérés par le CHU ont pu bénéficier d’un trousseau mis à disposition par la blanchisserie hospitalière. « Par précaution, nous avons décidé de laver tout le linge à 70°C, explique Catherine Diallo, responsable de la blanchisserie rémoise. Le linge personnel supportant mal ces températures, nous avons donc fourni un trousseau à chaque résident ». Déjà proposés par certains établissements, ces vêtements ont la particularité d’être spécifiquement développés pour les EHPAD. « Pour les hommes, nous proposons, par exemple, un pantalon avec un pli cousu, une taille élastique et une braguette dessinée, pour faciliter l’habillage et le déshabillage tout en répondant à la demande vestimentaire des résidents », ajoute Catherine Diallo qui propose également, pour les femmes, des pantalons et des tuniques médicalisés. « Bien que confinés et parfois malades, les résidents n’étaient pas en pyjama », se félicite la responsable qui enregistre d’ailleurs une augmentation des demandes pour avoir accès à ces vêtements.
Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici.
Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici.