Le Dr Cécile Mourlan, responsable du CPias Occitanie. ©DR
Comment est né ce projet de plateforme ?
Dr Cécile Mourlan : Il tient son origine dans la plateforme opérationnelle créée il y a bientôt cinq ans par l’EMH Léman Mont-Blanc. Nous avons découvert son existence en 2018, lors du congrès de la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H), et nos échanges avec l’équipe iséroise nous ont convaincus de l’intérêt d’un tel outil. Mais, contrairement au modèle initial qui n’est utilisé que par une seule équipe mobile, nous avons souhaité développer une plateforme régionale qui réunirait l’ensemble des EMH d’Occitanie. Après avoir présenté notre idée aux équipes mobiles et avoir obtenu le soutien de l’Agence Régionale de Santé (ARS), nous nous sommes donc lancés dans sa conception. Sur ce point, nous avons pu nous appuyer sur la plateforme déjà développée par l’EMH Léman Mont-Blanc, tout en l’adaptant à nos propres besoins, ce qui nous a permis de gagner beaucoup de temps.
Quel est l’objectif de cet outil ?
Le but premier est de renforcer le lien. Entre les EMH et les établissements qu’elles gèrent d’une part, entre les EMH et le CPias d’autre part, mais également entre les EMH elles-mêmes. La plateforme intègre, entre autres fonctionnalités, une partie documentaire permettant de mettre à disposition des fiches techniques, des procédures, avec des accès personnalisables en fonction du profil. Chaque professionnel : médecin coordonnateur, aide-soignante, référent hygiène, pourra ainsi avoir accès facilement et rapidement aux documents qui l’intéresse.
Mais également émettre des alertes…
Effectivement, un autre enjeu majeur de cette plateforme est la possibilité de générer des alertes en cas d’épidémie naissante. Les alertes ainsi émises étant directement envoyées par mail aux EMH, ces dernières seront donc en capacité de réagir instantanément et ce, même si elles sont en déplacement. De leur côté, les professionnels de l’EHPAD concerné recevront automatiquement des fiches de conseils sur les premières mesures à mettre en place. Il ne s’agit évidemment pas de remplacer les déplacements des équipes mobiles au sein des EHPAD, mais à l’inverse, d’apporter plus de lien et de réactivité.
Au-delà du renforcement des liens, certaines fonctionnalités pourraient apporter une véritable plus-value aux établissements, notamment en termes de traçabilité.
La plateforme pourra effectivement constituer une véritable aide au suivi des épisodes infectieux et à la création des rapports d’activités annuels, aussi bien pour les EMH que pour les EHPAD grâce, notamment, au récapitulatif des alertes et à la traçabilité des mesures mises en place. Pour les médecins coordonnateurs, par exemple, la plateforme pourrait simplifier la création de leurs bilans annuels, mais également, en cas de remontées inhabituelles, leur permettre de détecter d’éventuelles anomalies.
Quelles sont les autres fonctionnalités de votre plateforme ?
À terme, nous pourrons communiquer en visioconférence. Nous avons également la possibilité de mettre en place un forum utilisateurs. Au départ, seules les EMH y auront accès, car nous ne voulons pas noyer les établissements sous trop d’informations. Mais si un jour des EHPAD sont intéressés, cela leur permettra, par exemple, d’échanger des renseignements sur des fournisseurs, de demander conseil en cas de rupture sur du matériel ou de partager des retours d’expérience. Une autre fonctionnalité qui nous sera certainement très utile est la possibilité de mettre en place des formations en e-learning. Nous pouvons, par exemple, imaginer mettre à disposition un petit module de présentation pour les nouveaux professionnels arrivants en EHPAD ou les intérimaires. Ils pourraient ainsi bénéficier d’une première approche des règles d’hygiène, sans avoir à attendre la formation thématique dispensée par l’EMH.
L’originalité de votre plateforme repose sur son aspect régional. Quels bénéfices comptez-vous en tirer ?
En tant que CPias, notre rôle est de fédérer, de diffuser les meilleures pratiques et de concevoir des outils conformes aux recommandations nationales. Nous pourrons donc partager des protocoles, vidéos, formations, ou supports d’e-learning, et ainsi favoriser la mise en place de campagnes ou d’enquêtes régionales. La plateforme nous aidera également à mettre en commun les ressources, en récupérant tel questionnaire de telle EMH, telle affiche de telle autre, et ainsi gagner en temps et en efficacité dans la phase de conception des supports. Pour autant, afin de respecter les priorités et l’organisation de chaque équipe mobile, celles-ci resteront libres de décider des actions et documents qu’elles souhaitent mener ou partager avec les établissements qu’elles accompagnent. Enfin, un déploiement à l’échelle régionale nous permet de réaliser une économie d’échelle.
Justement, comment est financé le projet et quels établissements pourront bénéficier de la plateforme ?
La création de la plateforme et la formation des utilisateurs reposent sur un budget CPias, tandis que l’ARS s’est engagée à payer l’abonnement initial de tous les EHPAD bénéficiant d’une convention avec une EMH, pour une durée de trois ans. Charge ensuite aux équipes mobiles de faire vivre la plateforme, car elle n’aura d’intérêt que si chacun y trouve son compte. C’est-à-dire, si les EHPAD gagnent en information sans perdre de temps, et si les EMH renforcent leurs liens avec les établissements. Personnellement, et comme nous bénéficions du retour positif de l’EMH Léman Mont-Blanc, je suis convaincue que cela marchera. Côté planning, pour le moment nous entamons la formation des équipes mobiles. Après, il nous faudra alimenter la base. Le déploiement et la formation des personnels d’EHPAD devraient, pour leur part, débuter en janvier.
*Centre de prévention des infections associées aux soins.
Article publié sur le numéro d'octobre d'Ehpadia à consulter ici.
Dr Cécile Mourlan : Il tient son origine dans la plateforme opérationnelle créée il y a bientôt cinq ans par l’EMH Léman Mont-Blanc. Nous avons découvert son existence en 2018, lors du congrès de la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H), et nos échanges avec l’équipe iséroise nous ont convaincus de l’intérêt d’un tel outil. Mais, contrairement au modèle initial qui n’est utilisé que par une seule équipe mobile, nous avons souhaité développer une plateforme régionale qui réunirait l’ensemble des EMH d’Occitanie. Après avoir présenté notre idée aux équipes mobiles et avoir obtenu le soutien de l’Agence Régionale de Santé (ARS), nous nous sommes donc lancés dans sa conception. Sur ce point, nous avons pu nous appuyer sur la plateforme déjà développée par l’EMH Léman Mont-Blanc, tout en l’adaptant à nos propres besoins, ce qui nous a permis de gagner beaucoup de temps.
Quel est l’objectif de cet outil ?
Le but premier est de renforcer le lien. Entre les EMH et les établissements qu’elles gèrent d’une part, entre les EMH et le CPias d’autre part, mais également entre les EMH elles-mêmes. La plateforme intègre, entre autres fonctionnalités, une partie documentaire permettant de mettre à disposition des fiches techniques, des procédures, avec des accès personnalisables en fonction du profil. Chaque professionnel : médecin coordonnateur, aide-soignante, référent hygiène, pourra ainsi avoir accès facilement et rapidement aux documents qui l’intéresse.
Mais également émettre des alertes…
Effectivement, un autre enjeu majeur de cette plateforme est la possibilité de générer des alertes en cas d’épidémie naissante. Les alertes ainsi émises étant directement envoyées par mail aux EMH, ces dernières seront donc en capacité de réagir instantanément et ce, même si elles sont en déplacement. De leur côté, les professionnels de l’EHPAD concerné recevront automatiquement des fiches de conseils sur les premières mesures à mettre en place. Il ne s’agit évidemment pas de remplacer les déplacements des équipes mobiles au sein des EHPAD, mais à l’inverse, d’apporter plus de lien et de réactivité.
Au-delà du renforcement des liens, certaines fonctionnalités pourraient apporter une véritable plus-value aux établissements, notamment en termes de traçabilité.
La plateforme pourra effectivement constituer une véritable aide au suivi des épisodes infectieux et à la création des rapports d’activités annuels, aussi bien pour les EMH que pour les EHPAD grâce, notamment, au récapitulatif des alertes et à la traçabilité des mesures mises en place. Pour les médecins coordonnateurs, par exemple, la plateforme pourrait simplifier la création de leurs bilans annuels, mais également, en cas de remontées inhabituelles, leur permettre de détecter d’éventuelles anomalies.
Quelles sont les autres fonctionnalités de votre plateforme ?
À terme, nous pourrons communiquer en visioconférence. Nous avons également la possibilité de mettre en place un forum utilisateurs. Au départ, seules les EMH y auront accès, car nous ne voulons pas noyer les établissements sous trop d’informations. Mais si un jour des EHPAD sont intéressés, cela leur permettra, par exemple, d’échanger des renseignements sur des fournisseurs, de demander conseil en cas de rupture sur du matériel ou de partager des retours d’expérience. Une autre fonctionnalité qui nous sera certainement très utile est la possibilité de mettre en place des formations en e-learning. Nous pouvons, par exemple, imaginer mettre à disposition un petit module de présentation pour les nouveaux professionnels arrivants en EHPAD ou les intérimaires. Ils pourraient ainsi bénéficier d’une première approche des règles d’hygiène, sans avoir à attendre la formation thématique dispensée par l’EMH.
L’originalité de votre plateforme repose sur son aspect régional. Quels bénéfices comptez-vous en tirer ?
En tant que CPias, notre rôle est de fédérer, de diffuser les meilleures pratiques et de concevoir des outils conformes aux recommandations nationales. Nous pourrons donc partager des protocoles, vidéos, formations, ou supports d’e-learning, et ainsi favoriser la mise en place de campagnes ou d’enquêtes régionales. La plateforme nous aidera également à mettre en commun les ressources, en récupérant tel questionnaire de telle EMH, telle affiche de telle autre, et ainsi gagner en temps et en efficacité dans la phase de conception des supports. Pour autant, afin de respecter les priorités et l’organisation de chaque équipe mobile, celles-ci resteront libres de décider des actions et documents qu’elles souhaitent mener ou partager avec les établissements qu’elles accompagnent. Enfin, un déploiement à l’échelle régionale nous permet de réaliser une économie d’échelle.
Justement, comment est financé le projet et quels établissements pourront bénéficier de la plateforme ?
La création de la plateforme et la formation des utilisateurs reposent sur un budget CPias, tandis que l’ARS s’est engagée à payer l’abonnement initial de tous les EHPAD bénéficiant d’une convention avec une EMH, pour une durée de trois ans. Charge ensuite aux équipes mobiles de faire vivre la plateforme, car elle n’aura d’intérêt que si chacun y trouve son compte. C’est-à-dire, si les EHPAD gagnent en information sans perdre de temps, et si les EMH renforcent leurs liens avec les établissements. Personnellement, et comme nous bénéficions du retour positif de l’EMH Léman Mont-Blanc, je suis convaincue que cela marchera. Côté planning, pour le moment nous entamons la formation des équipes mobiles. Après, il nous faudra alimenter la base. Le déploiement et la formation des personnels d’EHPAD devraient, pour leur part, débuter en janvier.
*Centre de prévention des infections associées aux soins.
Article publié sur le numéro d'octobre d'Ehpadia à consulter ici.