« Pour appliquer une intervention, le corps médico-social a besoin de preuves ». Partant de ce constat, le Dr Kevin Charras, psychologue, et le Pr Dominique Somme, chef du service gériatrie du CHU de Rennes, ont fondé le Living Lab Vieillissement et Vulnérabilités (LL2V). Cette plateforme sans équivalent à ce jour s’est dès le départ engagée en faveur des innovations sociales, organisationnelles, professionnelles et technologiques, participant à leur développement et surtout à leur évaluation. « Avec l’aide des personnes âgées en perte d’indépendance et des professionnels du grand âge, le LL2V s’attache à créer un terrain d’étude multicentrique, tout en s’imposant comme un lieu de ressources et de recherche d’information », résume Kevin Charras, directeur de ce laboratoire intégré au CHU de Rennes.
Trois missions principales
Ayant travaillé durant treize ans pour la fondation Médéric Alzheimer, ce psychologue s’intéresse depuis longtemps aux personnes âgées, à l’architecture adaptée ainsi qu’aux interventions non médicamenteuses (voir encadré). « De nombreux acteurs du secteur font appel aux professionnels du CHU pour avoir un avis concernant les interventions non médicamenteuses », raconte l’intéressé, qui y a vu un besoin d’évaluer ces démarches. « Cette nécessité d’évaluation nous a poussés à créer un living lab entièrement dédié au médico-social et à l’accompagnement des personnes âgées », complète Kevin Charras.
En 2020, le psychologue et le gériatre fondent donc le LL2V, qui compte aujourd’hui quatre membres permanents : Kevin Charras et Dominique Somme, ainsi qu’Aline Corvol, médecin gériatre, et Sabrina Janvier, assistante de direction. De nombreux partenaires accompagnent la démarche avec, en premier lieu, l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bretagne qui finance le laboratoire pour trois ans, « le temps de développer un modèle économique qui nous rendra autonomes », explique Kevin Charras. Au quotidien, le laboratoire s’est doté de trois missions principales : « piloter et coordonner des études scientifiques sur le terrain », « accompagner les entreprises » et « accompagner les établissements ». « Nous avons assez rapidement eu des demandes sur ces trois points, avec en particulier de nombreuses questions d’EHPAD concernant des pratiques non médicamenteuses », précise le directeur qui voit ici l’illustration « de la nécessité d’accompagner l’innovation dans le secteur médico-social ».
En 2020, le psychologue et le gériatre fondent donc le LL2V, qui compte aujourd’hui quatre membres permanents : Kevin Charras et Dominique Somme, ainsi qu’Aline Corvol, médecin gériatre, et Sabrina Janvier, assistante de direction. De nombreux partenaires accompagnent la démarche avec, en premier lieu, l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bretagne qui finance le laboratoire pour trois ans, « le temps de développer un modèle économique qui nous rendra autonomes », explique Kevin Charras. Au quotidien, le laboratoire s’est doté de trois missions principales : « piloter et coordonner des études scientifiques sur le terrain », « accompagner les entreprises » et « accompagner les établissements ». « Nous avons assez rapidement eu des demandes sur ces trois points, avec en particulier de nombreuses questions d’EHPAD concernant des pratiques non médicamenteuses », précise le directeur qui voit ici l’illustration « de la nécessité d’accompagner l’innovation dans le secteur médico-social ».
Un laboratoire multicentrique
Pour ce faire, le laboratoire a créé un réseau d’établissements, principalement des EHPAD implantés en Ille-et-Vilaine et plus largement en Bretagne. « La notion de laboratoire multicentrique est au cœur de notre action, et ce dès la création de notre structure. En multipliant les centres d’étude, nous ancrons nos recherches dans le réel tout en permettant aux EHPAD partenaires de poursuivre une activité normale », insiste le spécialiste. Aujourd’hui 75 établissements composent le réseau du LL2V, avec 36 % d’établissements publics gérés par des collectivités territoriales, 37 % par des organismes privés non lucratifs, 21 % par des centres hospitaliers publics et 6 % par des organismes privés lucratifs. À l’avenir, ils pourraient être rejoints par des dizaines d’établissements, la région en comptant quasiment 450. Tous ne participent pourtant pas à l’ensemble des études engagées par le laboratoire, qui ne veut pas « contraindre […] mais bien permettre aux établissements partenaires de participer à l’innovation, de bénéficier d’interventions innovantes et d’être parties prenantes de la recherche ». « Suivant ses disponibilités, ses appétences et ses caractéristiques, chaque établissement est libre de s’investir ou non dans un projet », spécifie Kevin Charras qui espère à terme proposer des séminaires d’information destinés à ces établissements.
Des projets variés
Grâce à eux, en un an et demi d’existence, le laboratoire breton a déjà entamé cinq projets majeurs, « chacun ayant une durée spécifique, qui dépend avant tout du sujet mais aussi de la taille de l’étude et du nombre de personnes impliquées », précise le directeur. Après avoir clôturé l’étude ABERS, relative à l’architecture en EHPAD et au bien-être des résidents et des professionnels (voir encadré), les équipes du laboratoire se concentrent donc sur leurs quatre autres projets : Music’Alz, qui évalue l’impact de la musicothérapie sur la maladie d’Alzheimer ; MAIA, qui s’interroge sur la teneur en Oméga 3 des aliments et le développement de la maladie d’Alzheimer ; Immersivage, relative au développement d’une grammaire audiovisuelle 360° adaptée aux personnes âgées, et Rempar Ehpad, qui porte sur le risque environnemental et managérial en situation de pandémie respiratoire en EHPAD.
Bénéficiant d’un financement de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS), cette dernière a permis aux équipes du laboratoire rennais d’étudier l’impact de la première vague épidémique dans les EHPAD. En cours de finalisation, l’étude donnera lieu à la publication de trois articles scientifiques autour des paramètres environnementaux et professionnels favorisant le développement de l’épidémie, ainsi que les principaux ressorts relatifs au management de crise. Ce dernier point, principalement étudié lors d’entretiens semi-directifs réalisés avec 21 directeurs d’établissements, montre « la mise en place, dans les premiers jours, d’un management très directif », résume Kevin Charras avant d’ajouter : « À mesure que les connaissances sur le virus ont grandi, le management est devenu beaucoup plus souple ».
Principalement orientées vers les EHPAD bretons, les études actuellement menées par le LL2V pourraient prochainement s’élargir, le laboratoire souhaitant multiplier les échanges avec d’autres régions en France ou à l’international. « En intégrant ou en créant de nouveaux réseaux, nous pourrions diversifier les problématiques traitées au sein du laboratoire », indique Kevin Charras, qui espère également pouvoir développer des groupes d’usagers, personnes âgées, aidants et professionnels, en EHPAD, à domicile et à l’hôpital. « Quel que soit le lieu, notre principal objectif reste l’évaluation scientifique des innovations relatives à la perte d’indépendance », conclut Kevin Charras, rappelant ici la nécessité « de bien apprécier les résultats mais aussi la qualité, avec notamment le respect des utilisateurs ».
Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici
Bénéficiant d’un financement de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS), cette dernière a permis aux équipes du laboratoire rennais d’étudier l’impact de la première vague épidémique dans les EHPAD. En cours de finalisation, l’étude donnera lieu à la publication de trois articles scientifiques autour des paramètres environnementaux et professionnels favorisant le développement de l’épidémie, ainsi que les principaux ressorts relatifs au management de crise. Ce dernier point, principalement étudié lors d’entretiens semi-directifs réalisés avec 21 directeurs d’établissements, montre « la mise en place, dans les premiers jours, d’un management très directif », résume Kevin Charras avant d’ajouter : « À mesure que les connaissances sur le virus ont grandi, le management est devenu beaucoup plus souple ».
Principalement orientées vers les EHPAD bretons, les études actuellement menées par le LL2V pourraient prochainement s’élargir, le laboratoire souhaitant multiplier les échanges avec d’autres régions en France ou à l’international. « En intégrant ou en créant de nouveaux réseaux, nous pourrions diversifier les problématiques traitées au sein du laboratoire », indique Kevin Charras, qui espère également pouvoir développer des groupes d’usagers, personnes âgées, aidants et professionnels, en EHPAD, à domicile et à l’hôpital. « Quel que soit le lieu, notre principal objectif reste l’évaluation scientifique des innovations relatives à la perte d’indépendance », conclut Kevin Charras, rappelant ici la nécessité « de bien apprécier les résultats mais aussi la qualité, avec notamment le respect des utilisateurs ».
Article publié dans le numéro de janvier d'Ehpadia à consulter ici
Kevin Charras, directeur et auteur
Psychologue et docteur en psychologie environnementale, diplômé de l’Université de Paris, membre permanent du Laboratoire des Solutions de Demain développé par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie et président du Gérontopôle de Bretagne Kozh Ensemble, Kevin Charras travaille depuis vingt ans sur l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, avec en premier lieu l’influence de l’architecture. Responsable de pôle à la Fondation Médéric Alzheimer pendant treize ans, il s’est également intéressé à l’impact des interventions non médicamenteuses.
« Concernant la maladie d’Alzheimer, on sait que les médicaments ont une efficacité limitée. L’approche non médicamenteuse a donc une place particulièrement importante », confie l’intéressé qui a publié en septembre 2020 un livre dédié à ces interventions : Maladie d’Alzheimer et troubles apparentés - Accompagner autrement avec les interventions psychosociales et environnementales. « Les interventions non médicamenteuses sont nombreuses et il est parfois difficile de s’y retrouver », constate l’auteur en évoquant cet ouvrage qui rappelle les fondements neurobiologiques de la maladie tout en dressant un panorama des approches et des interventions psychosociales, ainsi que des conditions nécessaires à leur mise en œuvre.
- Kevin Charras, Maladie d’Alzheimer et troubles apparentés - Accompagner autrement avec les interventions psychosociales et environnementales, In Press, 16 septembre 2020, 250 pages, 21€.
Psychologue et docteur en psychologie environnementale, diplômé de l’Université de Paris, membre permanent du Laboratoire des Solutions de Demain développé par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie et président du Gérontopôle de Bretagne Kozh Ensemble, Kevin Charras travaille depuis vingt ans sur l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, avec en premier lieu l’influence de l’architecture. Responsable de pôle à la Fondation Médéric Alzheimer pendant treize ans, il s’est également intéressé à l’impact des interventions non médicamenteuses.
« Concernant la maladie d’Alzheimer, on sait que les médicaments ont une efficacité limitée. L’approche non médicamenteuse a donc une place particulièrement importante », confie l’intéressé qui a publié en septembre 2020 un livre dédié à ces interventions : Maladie d’Alzheimer et troubles apparentés - Accompagner autrement avec les interventions psychosociales et environnementales. « Les interventions non médicamenteuses sont nombreuses et il est parfois difficile de s’y retrouver », constate l’auteur en évoquant cet ouvrage qui rappelle les fondements neurobiologiques de la maladie tout en dressant un panorama des approches et des interventions psychosociales, ainsi que des conditions nécessaires à leur mise en œuvre.
- Kevin Charras, Maladie d’Alzheimer et troubles apparentés - Accompagner autrement avec les interventions psychosociales et environnementales, In Press, 16 septembre 2020, 250 pages, 21€.
ABERS, une étude sur le bien-être des résidents et des professionnels
Parmi les études finalisées par le Living Lab Vieillissement et Vulnérabilités (LL2V), le projet ABERS s’intéresse plus particulièrement à l’architecture en EHPAD, au bien-être des résidents et à la satisfaction au travail des professionnels. Menée par le Dr Perrine Nédélec dans le cadre du master Promotion de la santé et prévention de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP), cette étude a interrogé 400 personnes : résidents, aidants et professionnels. Plusieurs paramètres participant au bien-être ont ainsi pu être mis en évidence par les promoteurs, qui recommandent avant tout de « pouvoir appliquer une approche domestique dans l’architecture et l’aménagement des habitats pour personnes âgées ».
Pour les professionnels, la définition d’un EHPAD favorisant le bien-être se traduit ainsi par des bâtiments spacieux et lumineux, des salles de pause confortables, des espaces permettant de créer un lien de confiance et d’échange avec les résidents et des lieux professionnels fonctionnels. Plusieurs de ces points se retrouvent d’ailleurs dans les demandes des résidents eux-mêmes, qui plébiscitent eux aussi les espaces fonctionnels, accessibles et sécurisants, ainsi qu’un cadre favorisant les liens sociaux.
Ils appellent également à un EHPAD « à taille humaine, intime et familier », « un lieu beau et naturel, ouvert sur l’extérieur », ou encore une ambiance sensorielle agréable, comportant des espaces clairs, un environnement sonore calme et une bonne régulation thermique. « Il existe toutefois une forte disparité des profils de personnes âgées […], ce qui rend illusoire la création d’un modèle d’habitat unique qui conviendrait à tous », conclut cependant l’étude en préconisant « de disposer d’une large variété d’habitats afin d’offrir à chaque personne la possibilité de s’orienter vers un modèle adapté à ses besoins et ses aspirations ».
- Plus d’informations sur : https://ll2v.fr/projets/.
Parmi les études finalisées par le Living Lab Vieillissement et Vulnérabilités (LL2V), le projet ABERS s’intéresse plus particulièrement à l’architecture en EHPAD, au bien-être des résidents et à la satisfaction au travail des professionnels. Menée par le Dr Perrine Nédélec dans le cadre du master Promotion de la santé et prévention de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP), cette étude a interrogé 400 personnes : résidents, aidants et professionnels. Plusieurs paramètres participant au bien-être ont ainsi pu être mis en évidence par les promoteurs, qui recommandent avant tout de « pouvoir appliquer une approche domestique dans l’architecture et l’aménagement des habitats pour personnes âgées ».
Pour les professionnels, la définition d’un EHPAD favorisant le bien-être se traduit ainsi par des bâtiments spacieux et lumineux, des salles de pause confortables, des espaces permettant de créer un lien de confiance et d’échange avec les résidents et des lieux professionnels fonctionnels. Plusieurs de ces points se retrouvent d’ailleurs dans les demandes des résidents eux-mêmes, qui plébiscitent eux aussi les espaces fonctionnels, accessibles et sécurisants, ainsi qu’un cadre favorisant les liens sociaux.
Ils appellent également à un EHPAD « à taille humaine, intime et familier », « un lieu beau et naturel, ouvert sur l’extérieur », ou encore une ambiance sensorielle agréable, comportant des espaces clairs, un environnement sonore calme et une bonne régulation thermique. « Il existe toutefois une forte disparité des profils de personnes âgées […], ce qui rend illusoire la création d’un modèle d’habitat unique qui conviendrait à tous », conclut cependant l’étude en préconisant « de disposer d’une large variété d’habitats afin d’offrir à chaque personne la possibilité de s’orienter vers un modèle adapté à ses besoins et ses aspirations ».
- Plus d’informations sur : https://ll2v.fr/projets/.