Géraldine Laprugne, directrice de l’EHPAD de Chantelle. ©DR
Déjà largement présent dans nos vies, le numérique a joué un rôle prépondérant lors de la crise sanitaire. Permettant la continuité des approvisionnements sur le territoire national, il a également favorisé le développement exponentiel de la télémédecine et plus particulièrement des téléconsultations. « En quelques jours, la France est passée de 10 000 à 1 million de téléconsultations par semaine », constate Claude Kirchner, directeur du Comité National Pilote d’Éthique Numérique (CNPEN). Conséquence des deux décrets parus au Journal Officiel les 10 et 20 mars 2020, cette augmentation spectaculaire a permis à de nombreux professionnels de santé de s’essayer à une pratique qui peinait quelque peu à entrer véritablement dans les mœurs.
Suivi à domicile…
Gaëlle Haaz Le Du, IDEL. ©DR
Les personnes âgées ont, elles aussi, pu profiter de cette technologie, que ce soit en EHPAD ou à domicile. Les infirmiers libéraux ont ainsi joué un rôle majeur dans le suivi des patients à domicile. « Nous prenons en charge de nombreuses personnes âgées, souffrant parfois de troubles cognitifs, précise Gaëlle Haaz Le Du, Infirmière Diplômée d’État Libérale (IDEL) et responsable de la maison de santé d’Auray, dans le Morbihan. Nous avons donc l’habitude qu’elles nous appellent pour poser une question, ou plus simplement pour être rassurées. Le fait que cet accompagnement à distance entre dans la réglementation donne plus de valeur à notre travail ». À Auray, ces professionnels de santé se sont aussi adaptés aux besoins en mettant notamment en place des téléconsultations avec les médecins traitants. « C’est pour nous un vrai plus que de pouvoir accompagner le médecin dans sa consultation, continue l’IDEL. En étant directement en lien avec lui, nous pouvons rapidement adapter les soins, comme par exemple, les pansements liés aux plaies ».
… et dans les EHPAD
Serge Bismuth, médecin généraliste à Toulouse. ©DR
Dans les EHPAD confinés, les téléconsultations ont aussi permis aux équipes de bénéficier de l’expertise de spécialistes. « Étant moi-même à risque, je ne me suis pas déplacé en EHPAD, mais j’ai pu continuer à suivre les résidents », raconte le Docteur Serge Bismuth, médecin généraliste à Toulouse. Ce pionnier, qui pratique la télémédecine depuis 1998, a continué lors du confinement à solliciter ses confrères, et notamment des gérontologues et des cardiologues afin de bénéficier de leur expertise. « Personne ne peut travailler tout seul », continue le médecin qui s’appuie, lors de ses téléconsultations, sur le personnel présent dans les EHPAD, aides-soignants et infirmiers. « Afin que tout se passe bien et que tous adhèrent au dispositif, la mise en place de la télémédecine dans un établissement impose une grande préparation en amont, sur le plan technique mais aussi organisationnel, sans compter le temps de formation pour les équipes », constate Anne-Hélène Decosne, présidente par intérim de la Fédération Française des Infirmières Diplômées d’État Coordinatrices (FFIDEC). Malgré ces contraintes, l’IDEC le reconnaît : « en limitant les trajets, la télémédecine apporte un confort de vie indéniable aux résidents ». C’est pourquoi elle appelle au développement de la technologie « dans une réflexion globale intégrant en amont tous les intervenants de l’établissement ».
Un projet sur le long terme
Lydie Rougeron, directrice de l’EHPAD Résidence du Parc. ©DR
Cette réflexion, une dizaine d’EHPAD du sud-est du département de l’Allier l’ont engagée quelques semaines avant le début du confinement. Répondant à un appel à projet de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes en mai 2019, ces EHPAD ont dû interrompre le déploiement de la téléconsultation pendant le confinement « mais nous l’avons repris dès la fin du mois de mai », raconte Géraldine Laprugne, directrice de l’EHPAD de Chantelle, référente du projet. « Nous avons pu acheter les chariots équipés d’ordinateurs dédiés, nous devrions pouvoir proposer la téléconsultation à l’automne », précise Lydie Rougeron, directrice de l’EHPAD Résidence du Parc à Mayet-de-Montagne, lui aussi partie prenante du projet. « Même si la crise sanitaire ne nous a pas permis de travailler à plein temps à la mise en place de la téléconsultation, elle a mis en lumière la nécessité de la développer au plus vite », continue Géraldine Laprugne. Limitation des déplacements, diminution du stress… Les équipes comme les résidents perçoivent bien les atouts de cette modalité sur le long terme. « Conscientes de ces bénéfices, les familles sont elles aussi enthousiastes », poursuit la directrice qui envisage d’ouvrir la téléconsultation aux personnes extérieures à l’établissement. Sur un territoire où les déplacements pour se rendre auprès de spécialistes peuvent prendre plusieurs heures, l’ouverture de la téléconsultation aux infirmiers et aides-soignants locaux pourrait bien être un atout supplémentaire dans l’accès aux soins pour tous, tout en ancrant un peu plus les EHPAD au sein des dynamiques territoriales.
La visioconférence, première étape de familiarisation avec les nouvelles technologies
©DR
Confinés pendant plusieurs semaines, beaucoup d’EHPAD sont parvenus à maintenir le contact avec les familles au travers de la visioconférence. Peu utilisé avant la crise, l’outil a su s’imposer auprès des équipes comme des résidents. « Évidemment, beaucoup avaient une certaine appréhension à utiliser la visioconférence », raconte Lydie Rougeron, directrice de l’EHPAD Résidence du Parc à Mayet-de-Montagne, inscrit dans le projet de développement de la téléconsultation du sud-est de l’Allier. Au sein de la résidence, la visioconférence a rapidement été mise en place. « Afin de nous organiser au mieux et de permettre un suivi, nous avons proposé aux résidents et aux familles qui le souhaitaient de prendre rendez-vous », continue la directrice. Sur des tablettes ou des ordinateurs, les résidents pouvaient alors discuter seuls avec leurs familles.
« Les résidents étaient très contents et ont rapidement compris comment fonctionnait cette technologie », confie Lydie Rougeron qui envisage même de s’équiper d’un outil spécialisé afin de continuer à proposer la visioconférence sur demande. « Même si le cadre et le contexte sont totalement différents par rapport à une téléconsultation, l’expérience aura tout de même permis aux résidents d’avoir un premier contact avec ce mode de communication », conclut la directrice.
Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici.
« Les résidents étaient très contents et ont rapidement compris comment fonctionnait cette technologie », confie Lydie Rougeron qui envisage même de s’équiper d’un outil spécialisé afin de continuer à proposer la visioconférence sur demande. « Même si le cadre et le contexte sont totalement différents par rapport à une téléconsultation, l’expérience aura tout de même permis aux résidents d’avoir un premier contact avec ce mode de communication », conclut la directrice.
Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici.