Face à la crise de confiance inédite vis-à-vis des EHPAD, engendrée par l’affaire Orpea, les acteurs du grand âge organisent leur riposte. Sur ce marché complexe mais à fort potentiel, ils s’emploient en effet à trouver le point d’équilibre entre optimisation des coûts et qualité des prestations. A l’aube d’un bouleversement des parcours des personnes âgées, l’un des facteurs clés de succès de demain consistera à sortir du dilemme « tout EHPAD » ou « tout maintien à domicile » pour diversifier les solutions proposées, de l’avis des experts de Xerfi Precepta. Le concept d’EHPAD hors les murs est une première réponse. Mais d’autres pistes peuvent être approfondies comme les hébergements intermédiaires (résidences intergénérationnelles, colocations ou béguinages par exemple). En tout état de cause, les acteurs devront jouer la carte du care management et pousser plus loin la logique du parcours de soins, en décloisonnant les métiers. En réalité, cette troisième voie entre le « tout EHPAD » et le « tout maintien à domicile » n’est plus une option face à la profonde transformation du marché de la dépendance.
D’abord, le nombre de personnes âgées va exploser d’ici 2050 (24,3 millions de 60 ans et plus dont 4 millions en perte d’autonomie) et il ne sera pas possible d’en accueillir autant qu’aujourd’hui en maisons de retraite. Sauf à créer quelque 7 000 places supplémentaires chaque année... Ensuite, le scandale Orpea va forcément accroître la réticence des plus de 75 ans à entrer en maison de retraite. Enfin, la nouvelle génération de seniors va exprimer des besoins radicalement différents de la génération précédente. Ils consomment en effet davantage, ont des comportements d’anticipation, de prévention et d’adaptation. Les papy boomers souhaitent aussi rester à leur domicile mais ne rechignent pas à le quitter pour un habitat plus adapté. Leur appétence pour les nouvelles technologies, les services et une vie sociale enrichie permettent par ailleurs d’envisager une plus forte ouverture d’esprit envers les hébergements intermédiaires.
D’abord, le nombre de personnes âgées va exploser d’ici 2050 (24,3 millions de 60 ans et plus dont 4 millions en perte d’autonomie) et il ne sera pas possible d’en accueillir autant qu’aujourd’hui en maisons de retraite. Sauf à créer quelque 7 000 places supplémentaires chaque année... Ensuite, le scandale Orpea va forcément accroître la réticence des plus de 75 ans à entrer en maison de retraite. Enfin, la nouvelle génération de seniors va exprimer des besoins radicalement différents de la génération précédente. Ils consomment en effet davantage, ont des comportements d’anticipation, de prévention et d’adaptation. Les papy boomers souhaitent aussi rester à leur domicile mais ne rechignent pas à le quitter pour un habitat plus adapté. Leur appétence pour les nouvelles technologies, les services et une vie sociale enrichie permettent par ailleurs d’envisager une plus forte ouverture d’esprit envers les hébergements intermédiaires.
L’offre de prise en charge va s’étoffer
Dans ce contexte, l’offre de prise en charge des seniors est bien partie pour s’élargir. Pour satisfaire les personnes désireuses de rester chez elles et limiter le coût de la dépendance pour les finances publiques, l’essor des prises en charge à domicile devrait en toute logique monter en puissance. C’est en tout cas l’objectif d’une batterie de mesures récentes (tarif national plancher pour les SAAD en 2022,…) ou à venir (refonte de la tarification des SSIAD en 2023,…). L’ensemble de ces initiatives devrait permettre de maintenir à domicile près de 23 millions de personnes âgées en 2050 (moins de 12 millions aujourd’hui), d’après les calculs des experts de Xerfi Precepta.
Les solutions d’hébergement intermédiaire vont, elles, gagner du terrain, entre autres grâce aux ambitions de leurs actionnaires, à l’image de Korian pour les colocations Ages et Vie, CetteFamille pour ses colocations seniors accompagnées ou encore Vivr’Alliance pour ses béguinages. Les placements en institution vont dès lors se raréfier mais surtout être plus tardifs et plus courts. Si les EHPAD auront à l’évidence un rôle à jouer pour faire face au vieillissement massif de la population, ils se concentreront sur l’accueil des seniors les plus dépendants (le cas de 92% des résidents actuels en maisons de retraite).
Les solutions d’hébergement intermédiaire vont, elles, gagner du terrain, entre autres grâce aux ambitions de leurs actionnaires, à l’image de Korian pour les colocations Ages et Vie, CetteFamille pour ses colocations seniors accompagnées ou encore Vivr’Alliance pour ses béguinages. Les placements en institution vont dès lors se raréfier mais surtout être plus tardifs et plus courts. Si les EHPAD auront à l’évidence un rôle à jouer pour faire face au vieillissement massif de la population, ils se concentreront sur l’accueil des seniors les plus dépendants (le cas de 92% des résidents actuels en maisons de retraite).
Des acteurs en ordre de bataille
Malgré l’affaire Orpea, plusieurs acteurs sont aujourd’hui en ordre de bataille pour accroître leurs positions sur un marché dont la croissance s’annonce prometteuse à long terme. C’est surtout vrai pour les grands groupes privés intégrés du grand âge (Orpea, Korian, DomusVi, Colisée…). Leurs portefeuilles d’activités est tellement diversifié (EHPAD, résidences seniors, SAAD, voire SSIAD et SMR/HAD) qu’ils peuvent jouer le rôle de « guichet unique » pour les personnes âgées. Ayant déjà intégré le maillon du domicile au gré de leurs acquisitions de réseaux matures, ils mettent aujourd’hui les bouchées doubles dans l’hébergement intermédiaire. C’est bien ce qu’illustre, entre autres, le récent rachat des résidences seniors Medeos par Domus Vi.
Ces groupes intégrés ont de réels atouts à faire valoir pour se renforcer dans les métiers du grand âge. Ils devront toutefois relever plusieurs défis, en tête desquels les problèmes de maltraitance dans leurs maisons de retraite. Ils devront également s’atteler à pousser plus loin leur logique de complémentarité entre leurs activités du domicile, celles situées en amont (soins de suite) et en aval (résidences seniors et EHPAD). Intégrer les spécificités des activités du domicile est aussi une nécessité.
Les plus grands réseaux spécialisés dans la prise en charge du grand âge (Age d’Or Services, Junior Senior, Vitalliance…) sont également bien armés pour conserver leur rang dans le futur paysage concurrentiel. Face au « bien vieillir », ils peuvent se prévaloir d’une taille critique pour la plupart d’entre eux mais aussi d’une expertise et d’une notoriété qui leur assurent une bonne visibilité. Leur modèle mériterait pourtant d’évoluer, en particulier pour remédier à une santé financière fragile. Déjà, certains acteurs ont opté pour un modèle hybride (prestations en hébergements intermédiaires et à domicile). Se doter d’une fonction de « care manager » ou de « conseiller en autonomie » est également une bonne façon de valoriser les métiers et d’accompagner les besoins d’accompagnement des seniors.
Auteur de l’étude : Cathy Alegria
Ces groupes intégrés ont de réels atouts à faire valoir pour se renforcer dans les métiers du grand âge. Ils devront toutefois relever plusieurs défis, en tête desquels les problèmes de maltraitance dans leurs maisons de retraite. Ils devront également s’atteler à pousser plus loin leur logique de complémentarité entre leurs activités du domicile, celles situées en amont (soins de suite) et en aval (résidences seniors et EHPAD). Intégrer les spécificités des activités du domicile est aussi une nécessité.
Les plus grands réseaux spécialisés dans la prise en charge du grand âge (Age d’Or Services, Junior Senior, Vitalliance…) sont également bien armés pour conserver leur rang dans le futur paysage concurrentiel. Face au « bien vieillir », ils peuvent se prévaloir d’une taille critique pour la plupart d’entre eux mais aussi d’une expertise et d’une notoriété qui leur assurent une bonne visibilité. Leur modèle mériterait pourtant d’évoluer, en particulier pour remédier à une santé financière fragile. Déjà, certains acteurs ont opté pour un modèle hybride (prestations en hébergements intermédiaires et à domicile). Se doter d’une fonction de « care manager » ou de « conseiller en autonomie » est également une bonne façon de valoriser les métiers et d’accompagner les besoins d’accompagnement des seniors.
Auteur de l’étude : Cathy Alegria