© Blanchisserie territoriale de Moselle Est
Pourriez-vous, pour commencer, nous présenter la Blanchisserie territoriale de Moselle Est ?
Loïc Maignan : Construite en 2007, celle-ci traitait, à l’origine, le linge du Centre hospitalier spécialisé (CHS) de Sarreguemines, un établissement public de santé mentale totalisant 449 lits. En 2009, le Centre hospitalier (CH) de Sarreguemines a été reconstruit en mitoyenneté du CHS, ce qui s’est traduit par la mutualisation du pilotage administratif et des fonctions supports des deux établissements – dont, naturellement, la fonction linge. Cette même année a été constitué le Groupement hospitalier de territoire (GHT) de Moselle Est, associant le CH de Sarreguemines en tant qu’établissement support, le CHS de Sarreguemines, et le Centre hospitalier intercommunal (CHIC) Unisanté+ de Forbach Saint-Avold. La blanchisserie, alors dénommée « Blanchisserie interhospitalière (BIH) de Sarreguemines », a donc pris en charge le traitement du linge pour le compte des trois membres du groupement, soit 4,5 tonnes par jour. Elle fonctionnait pour cela selon une amplitude quotidienne de 8 heures, 5 jours par semaine, et employait 26 équivalents temps plein (ETP).
En 2020, à l’issue de la première crise Covid, vous avez initié une réflexion pour améliorer la performance et la résilience de la fonction linge. Pourriez-vous nous en parler ?
Nous avions effectivement considéré deux options : l’externalisation de la prestation linge, ou son maintien via la BIH en inscrivant celle-ci dans une approche territoriale. La première piste a rapidement été écartée, car elle imposerait une standardisation à notre sens peu pertinente, eu égard à la diversité des activités proposées par les établissements implantés dans l’est de la Moselle – psychiatrie, addictologie, médecine, chirurgie, obstétrique, EHPAD, unités de soins long séjour, FAM-MAS, etc. À l’inverse, raisonner à l’échelle du territoire permettrait d’apporter des réponses adaptées à cette grande variété de besoins, pour positionner la fonction linge comme vecteur d’amélioration de la qualité des soins, a fortiori dans un contexte de raréfaction des ressources paramédicales.
Il s’agissait, plus concrètement, de remettre la fonction linge au cœur du soin.
Exactement. En 2021, j’ai donc visité la blanchisserie inter-hospitalière du Lot-et-Garonne, située à Agen et nouvellement reconstruite selon un process en « tout-séché », une organisation qui m’a semblé d’autant plus pertinente dans le contexte de l’après-Covid. Nous avons donc souhaité mettre en œuvre un fonctionnement similaire, ce qui imposait le renouvellement quasi complet de notre parc de machines, avec un nouveau tunnel de lavage, des séchoirs, un tunnel de finition, une nouvelle plieuse éponge, etc. Le tout-séché impose néanmoins de remplacer le linge plat classique par des articles en jersey. Ceux-ci ont de nombreux avantages, notamment en termes de réduction des manipulations, contribuant par là même à l’amélioration des conditions de travail et à une meilleure maîtrise des infections associées aux soins. Leur mode de livraison particulier – en sachet et en vrac – modifie toutefois les habitudes de travail des soignants, ainsi que l’organisation des lingeries dans les services de soins. En tout état de cause, il s’agissait d’un projet de restructuration totale, nécessitant des investissements conséquents – à hauteur de 6 millions d’euros.
Loïc Maignan : Construite en 2007, celle-ci traitait, à l’origine, le linge du Centre hospitalier spécialisé (CHS) de Sarreguemines, un établissement public de santé mentale totalisant 449 lits. En 2009, le Centre hospitalier (CH) de Sarreguemines a été reconstruit en mitoyenneté du CHS, ce qui s’est traduit par la mutualisation du pilotage administratif et des fonctions supports des deux établissements – dont, naturellement, la fonction linge. Cette même année a été constitué le Groupement hospitalier de territoire (GHT) de Moselle Est, associant le CH de Sarreguemines en tant qu’établissement support, le CHS de Sarreguemines, et le Centre hospitalier intercommunal (CHIC) Unisanté+ de Forbach Saint-Avold. La blanchisserie, alors dénommée « Blanchisserie interhospitalière (BIH) de Sarreguemines », a donc pris en charge le traitement du linge pour le compte des trois membres du groupement, soit 4,5 tonnes par jour. Elle fonctionnait pour cela selon une amplitude quotidienne de 8 heures, 5 jours par semaine, et employait 26 équivalents temps plein (ETP).
En 2020, à l’issue de la première crise Covid, vous avez initié une réflexion pour améliorer la performance et la résilience de la fonction linge. Pourriez-vous nous en parler ?
Nous avions effectivement considéré deux options : l’externalisation de la prestation linge, ou son maintien via la BIH en inscrivant celle-ci dans une approche territoriale. La première piste a rapidement été écartée, car elle imposerait une standardisation à notre sens peu pertinente, eu égard à la diversité des activités proposées par les établissements implantés dans l’est de la Moselle – psychiatrie, addictologie, médecine, chirurgie, obstétrique, EHPAD, unités de soins long séjour, FAM-MAS, etc. À l’inverse, raisonner à l’échelle du territoire permettrait d’apporter des réponses adaptées à cette grande variété de besoins, pour positionner la fonction linge comme vecteur d’amélioration de la qualité des soins, a fortiori dans un contexte de raréfaction des ressources paramédicales.
Il s’agissait, plus concrètement, de remettre la fonction linge au cœur du soin.
Exactement. En 2021, j’ai donc visité la blanchisserie inter-hospitalière du Lot-et-Garonne, située à Agen et nouvellement reconstruite selon un process en « tout-séché », une organisation qui m’a semblé d’autant plus pertinente dans le contexte de l’après-Covid. Nous avons donc souhaité mettre en œuvre un fonctionnement similaire, ce qui imposait le renouvellement quasi complet de notre parc de machines, avec un nouveau tunnel de lavage, des séchoirs, un tunnel de finition, une nouvelle plieuse éponge, etc. Le tout-séché impose néanmoins de remplacer le linge plat classique par des articles en jersey. Ceux-ci ont de nombreux avantages, notamment en termes de réduction des manipulations, contribuant par là même à l’amélioration des conditions de travail et à une meilleure maîtrise des infections associées aux soins. Leur mode de livraison particulier – en sachet et en vrac – modifie toutefois les habitudes de travail des soignants, ainsi que l’organisation des lingeries dans les services de soins. En tout état de cause, il s’agissait d’un projet de restructuration totale, nécessitant des investissements conséquents – à hauteur de 6 millions d’euros.
© Blanchisserie territoriale de Moselle Est
Comment avez-vous fait face à ce défi financier ?
Nous avons fait une demande de subvention auprès de l’Union européenne via le plan de relance REACT EU, qui entend remédier aux dommages sociaux et économiques causés par la pandémie de Covid-19 et préparer une reprise écologique et résiliente de l’économie. Rapidement, nous avons obtenu une aide de 1,7 million d’euros, par la suite réévaluée à 4,6 millions d’euros eu égard à la pertinence du projet présenté. Le coût total de l’opération a donc été financé à 80 % par l’Union européenne, ce qui est suffisamment rare pour être souligné ! Pour en bénéficier, il nous fallait toutefois finaliser les travaux avant la fin de l’année 2023. C’était là un autre défi de taille, car il nous fallait trouver le moyen de doubler nos capacités de production sans toucher à l’enveloppe extérieure du bâtiment pour ne pas avoir à déposer un permis de construire – ce qui aurait rallongé la durée des travaux. Pour augmenter la surface utilisable, nous avons donc eu l’idée de modifier entièrement l’intérieur de la blanchisserie de manière à créer un rez-de-chaussée et un premier étage. Avec une autre contrainte, et non des moindres : les travaux devaient être réalisés en site occupé, pour éviter toute perturbation de l’activité hospitalière. D’ailleurs, une fois le chantier démarré en juin 2023, la production n’a été interrompue que deux jours. Le nouveau process est entré en production début décembre, soit six mois seulement après le début des opérations.
Comment avez-vous réussi cette prouesse ?
Nous avons réussi à embarquer toutes les parties prenantes, pour créer une dynamique collective et vertueuse. Les agents de la blanchisserie ont dès le départ été étroitement associés au projet, pour bien en appréhender les enjeux – notamment en termes d’amélioration des conditions de travail et de valorisation de leur outil professionnel – mais aussi en percevoir la logique globale. Des échanges réguliers ont par exemple été organisés avec les équipes soignantes, afin que chacun puisse se connaître, comprendre les contraintes de l’autre et mieux saisir le rôle qu’il aura à jouer pour contribuer à la fluidité des organisations. Nous avons en outre mis en œuvre un accompagnement de proximité pour les différents métiers concernés, recherchant des solutions en collégialité dès lors qu’une difficulté était identifiée. Tous se savaient écoutés et entendus, ce qui a sans conteste permis de renforcer la mobilisation générale. Les partenaires sociaux ont eux aussi pleinement joué leur rôle, en particulier lorsqu’il a fallu ajuster les horaires de la blanchisserie pour pouvoir mener le projet dans les délais impartis. Bien entendu, j’ai moi-même suivi le chantier de près, y compris en programmant des points d’étapes réguliers avec les entreprises partenaires. Pour résumer, le défi a pu être relevé car nous avons tous travaillé de manière constructive et en bonne intelligence.
Vous avez en outre bénéficié d’une assistance technique à maîtrise d’ouvrage par Marc Drezen, le responsable du GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé.
La blanchisserie du CHU de Toulouse dispose en effet d’équipements similaires à ceux que nous étions en train de mettre en place. Connaissant les compétences de Marc Drezen, et partageant avec lui des valeurs communes – et en particulier la conviction que les blanchisseries hospitalières peuvent être aussi, sinon plus, compétitives que celles du secteur privé –, j’ai sollicité son appui pour préparer la prise en main de nos nouveaux outils de production. Thierry Moulay, le responsable actuel de la Blanchisserie territoriale de Moselle Est, a par exemple été recruté alors que le projet était déjà lancé. Il a donc pu bénéficier d’une formation précieuse auprès de nos confrères toulousains, ce qui lui a permis d’appréhender la réalité d’une blanchisserie fonctionnant à plein régime selon un process en tout-séché, et d’être ainsi prêt pour notre propre mise en production. De la même manière, les trois agents recrutés au sein de la nouvelle équipe de maintenance ont eux aussi pu être formés à Toulouse, où ils disposent encore d’interlocuteurs aisément joignables si la situation l’exige.
Nous avons fait une demande de subvention auprès de l’Union européenne via le plan de relance REACT EU, qui entend remédier aux dommages sociaux et économiques causés par la pandémie de Covid-19 et préparer une reprise écologique et résiliente de l’économie. Rapidement, nous avons obtenu une aide de 1,7 million d’euros, par la suite réévaluée à 4,6 millions d’euros eu égard à la pertinence du projet présenté. Le coût total de l’opération a donc été financé à 80 % par l’Union européenne, ce qui est suffisamment rare pour être souligné ! Pour en bénéficier, il nous fallait toutefois finaliser les travaux avant la fin de l’année 2023. C’était là un autre défi de taille, car il nous fallait trouver le moyen de doubler nos capacités de production sans toucher à l’enveloppe extérieure du bâtiment pour ne pas avoir à déposer un permis de construire – ce qui aurait rallongé la durée des travaux. Pour augmenter la surface utilisable, nous avons donc eu l’idée de modifier entièrement l’intérieur de la blanchisserie de manière à créer un rez-de-chaussée et un premier étage. Avec une autre contrainte, et non des moindres : les travaux devaient être réalisés en site occupé, pour éviter toute perturbation de l’activité hospitalière. D’ailleurs, une fois le chantier démarré en juin 2023, la production n’a été interrompue que deux jours. Le nouveau process est entré en production début décembre, soit six mois seulement après le début des opérations.
Comment avez-vous réussi cette prouesse ?
Nous avons réussi à embarquer toutes les parties prenantes, pour créer une dynamique collective et vertueuse. Les agents de la blanchisserie ont dès le départ été étroitement associés au projet, pour bien en appréhender les enjeux – notamment en termes d’amélioration des conditions de travail et de valorisation de leur outil professionnel – mais aussi en percevoir la logique globale. Des échanges réguliers ont par exemple été organisés avec les équipes soignantes, afin que chacun puisse se connaître, comprendre les contraintes de l’autre et mieux saisir le rôle qu’il aura à jouer pour contribuer à la fluidité des organisations. Nous avons en outre mis en œuvre un accompagnement de proximité pour les différents métiers concernés, recherchant des solutions en collégialité dès lors qu’une difficulté était identifiée. Tous se savaient écoutés et entendus, ce qui a sans conteste permis de renforcer la mobilisation générale. Les partenaires sociaux ont eux aussi pleinement joué leur rôle, en particulier lorsqu’il a fallu ajuster les horaires de la blanchisserie pour pouvoir mener le projet dans les délais impartis. Bien entendu, j’ai moi-même suivi le chantier de près, y compris en programmant des points d’étapes réguliers avec les entreprises partenaires. Pour résumer, le défi a pu être relevé car nous avons tous travaillé de manière constructive et en bonne intelligence.
Vous avez en outre bénéficié d’une assistance technique à maîtrise d’ouvrage par Marc Drezen, le responsable du GCS Blanchisserie Toulousaine de Santé.
La blanchisserie du CHU de Toulouse dispose en effet d’équipements similaires à ceux que nous étions en train de mettre en place. Connaissant les compétences de Marc Drezen, et partageant avec lui des valeurs communes – et en particulier la conviction que les blanchisseries hospitalières peuvent être aussi, sinon plus, compétitives que celles du secteur privé –, j’ai sollicité son appui pour préparer la prise en main de nos nouveaux outils de production. Thierry Moulay, le responsable actuel de la Blanchisserie territoriale de Moselle Est, a par exemple été recruté alors que le projet était déjà lancé. Il a donc pu bénéficier d’une formation précieuse auprès de nos confrères toulousains, ce qui lui a permis d’appréhender la réalité d’une blanchisserie fonctionnant à plein régime selon un process en tout-séché, et d’être ainsi prêt pour notre propre mise en production. De la même manière, les trois agents recrutés au sein de la nouvelle équipe de maintenance ont eux aussi pu être formés à Toulouse, où ils disposent encore d’interlocuteurs aisément joignables si la situation l’exige.
Quid de l’accompagnement des équipes soignantes ?
Chaque service, au sein de chacun des trois établissements alors desservis par notre blanchisserie, a dès l‘été 2022 eu l’opportunité de tester les nouveaux articles jersey trois semaines durant, ce qui nous a permis d’ajuster notre offre en fonction des retours locaux. Je m’y suis d’ailleurs moi-même déplacé régulièrement, pour rencontrer les équipes soignantes, évoquer leur expérience et rechercher des solutions adaptées. Comme je le précisais plus haut, les textiles jersey sont livrés en vrac. Il a donc fallu mettre en place une véritable conduite du changement, en travaillant sur de nouveaux modèles de chariots de nursing, en créant des chambres tests, etc. Désormais, lorsqu’un roll de linge propre est livré au sein d’un service, les soignants garnissent directement leurs chariots, sans devoir en passer par l’étape intermédiaire de stockage dans la lingerie – où nous avons d’ailleurs retiré les étagères. Une fois les chariots pleins, le linge restant sur le roll est renvoyé à la blanchisserie, ce qui nous permet de mieux maîtriser les flux car il n’y a plus de stocks tampons. Pour lisser les volumes et gagner en productivité, nous avons toutefois modifié les horaires de fonctionnement de la blanchisserie, désormais active 6 jours sur 7 – du lundi au vendredi, et le dimanche – et qui devrait, à terme, être opérée par 40 ETP.
Un mot, peut-être, sur la dimension territoriale mentionnée au début de cet échange ?
Forte de sa nouvelle capacité de 9 tonnes/jour, la blanchisserie devrait progressivement desservir tous les établissements de santé publics et privés non lucratifs de l’est de la Moselle. Nous sommes d’ailleurs déjà en discussions avec le Groupement de coopération sanitaire (GCS) de l’hôpital du Groupe SOS à Saint-Avold, le Centre de médecine physique et de réadaptation Hohberg, et l’établissement de santé Filieris. Il faut dire que nous nous sommes véritablement donné les moyens de cette ambition. Par exemple, là où notre ancien tunnel de lavage ne pouvait traiter que 45 kg à la fois, le nouvel équipement est configuré pour 60 kg, alors même qu’il est plus compact. Et c’est loin d’être le seul impact positif lié à la modernisation de nos machines ! Nous avons déjà sensiblement diminué notre consommation d’eau, et devrons également pouvoir réduire notre consommation de produits lessiviels.
Ce volet écologique était l’un de vos objectifs avant même le lancement des travaux. Pourriez-vous nous en parler ?
La nouvelle blanchisserie porte en effet une véritable politique de Responsabilité sociale et environnementale (RSE). Nous ne comptons donc pas nous en tenir là sur le plan environnemental : une partie de notre consommation électrique sera à terme produite par des panneaux photovoltaïques déployés dans le cadre d’une concession de service public, la chaleur produite par nos machines a vocation à chauffer le self des salariés des CH et CHS de Sarreguemines, et nous entendons réutiliser pour notre process une partie des eaux en sortie de lavage. Le volet « Qualité de vie et des conditions de travail » (QVCT) n’est pas en reste. Outre le tri au propre, déjà en place pour limiter l’exposition de nos agents à des organismes potentiellement pathogènes mais aussi réduire la pénibilité de leur travail, et dans la continuité des efforts déjà réalisés pour limiter le port de charges lourdes – je pense notamment ici au nouveau convoyeur automatique pour le transport du linge propre –, nous travaillons désormais sur l’automatisation de l’ouverture des sacs de linge sale, et testons en parallèle l’utilisation d’un exosquelette.
Le mot de la fin ?
Entre 2022 et 2023, nous nous sommes surtout concentrés sur le respect de l’échéance imposée par le programme REACT EU. Maintenant que cette première marche a été passée avec succès, nous pouvons désormais initier d’autres projets visant à matérialiser notre démarche d’amélioration continue. Toutes nos équipes continuent de se mobiliser pour relever ces nouveaux défis, et je salue une fois de plus leur implication. Les retours de nos agents, de même que ceux des soignants, des patients et des résidents, sont d’ailleurs aujourd’hui très positifs, preuve, s’il en est, que nous avons visé juste. En ce qui me concerne, je suis heureux d’avoir pu montrer qu’il était possible, à l’hôpital, de mener des projets ambitieux et complexes dans des délais extrêmement courts, en créant un cadre de confiance qui permette à chacun de se sentir concerné par la construction d’une dynamique collective.
> Article publié dans l'édition de janvier d'Ehpadia à lire ici.
Chaque service, au sein de chacun des trois établissements alors desservis par notre blanchisserie, a dès l‘été 2022 eu l’opportunité de tester les nouveaux articles jersey trois semaines durant, ce qui nous a permis d’ajuster notre offre en fonction des retours locaux. Je m’y suis d’ailleurs moi-même déplacé régulièrement, pour rencontrer les équipes soignantes, évoquer leur expérience et rechercher des solutions adaptées. Comme je le précisais plus haut, les textiles jersey sont livrés en vrac. Il a donc fallu mettre en place une véritable conduite du changement, en travaillant sur de nouveaux modèles de chariots de nursing, en créant des chambres tests, etc. Désormais, lorsqu’un roll de linge propre est livré au sein d’un service, les soignants garnissent directement leurs chariots, sans devoir en passer par l’étape intermédiaire de stockage dans la lingerie – où nous avons d’ailleurs retiré les étagères. Une fois les chariots pleins, le linge restant sur le roll est renvoyé à la blanchisserie, ce qui nous permet de mieux maîtriser les flux car il n’y a plus de stocks tampons. Pour lisser les volumes et gagner en productivité, nous avons toutefois modifié les horaires de fonctionnement de la blanchisserie, désormais active 6 jours sur 7 – du lundi au vendredi, et le dimanche – et qui devrait, à terme, être opérée par 40 ETP.
Un mot, peut-être, sur la dimension territoriale mentionnée au début de cet échange ?
Forte de sa nouvelle capacité de 9 tonnes/jour, la blanchisserie devrait progressivement desservir tous les établissements de santé publics et privés non lucratifs de l’est de la Moselle. Nous sommes d’ailleurs déjà en discussions avec le Groupement de coopération sanitaire (GCS) de l’hôpital du Groupe SOS à Saint-Avold, le Centre de médecine physique et de réadaptation Hohberg, et l’établissement de santé Filieris. Il faut dire que nous nous sommes véritablement donné les moyens de cette ambition. Par exemple, là où notre ancien tunnel de lavage ne pouvait traiter que 45 kg à la fois, le nouvel équipement est configuré pour 60 kg, alors même qu’il est plus compact. Et c’est loin d’être le seul impact positif lié à la modernisation de nos machines ! Nous avons déjà sensiblement diminué notre consommation d’eau, et devrons également pouvoir réduire notre consommation de produits lessiviels.
Ce volet écologique était l’un de vos objectifs avant même le lancement des travaux. Pourriez-vous nous en parler ?
La nouvelle blanchisserie porte en effet une véritable politique de Responsabilité sociale et environnementale (RSE). Nous ne comptons donc pas nous en tenir là sur le plan environnemental : une partie de notre consommation électrique sera à terme produite par des panneaux photovoltaïques déployés dans le cadre d’une concession de service public, la chaleur produite par nos machines a vocation à chauffer le self des salariés des CH et CHS de Sarreguemines, et nous entendons réutiliser pour notre process une partie des eaux en sortie de lavage. Le volet « Qualité de vie et des conditions de travail » (QVCT) n’est pas en reste. Outre le tri au propre, déjà en place pour limiter l’exposition de nos agents à des organismes potentiellement pathogènes mais aussi réduire la pénibilité de leur travail, et dans la continuité des efforts déjà réalisés pour limiter le port de charges lourdes – je pense notamment ici au nouveau convoyeur automatique pour le transport du linge propre –, nous travaillons désormais sur l’automatisation de l’ouverture des sacs de linge sale, et testons en parallèle l’utilisation d’un exosquelette.
Le mot de la fin ?
Entre 2022 et 2023, nous nous sommes surtout concentrés sur le respect de l’échéance imposée par le programme REACT EU. Maintenant que cette première marche a été passée avec succès, nous pouvons désormais initier d’autres projets visant à matérialiser notre démarche d’amélioration continue. Toutes nos équipes continuent de se mobiliser pour relever ces nouveaux défis, et je salue une fois de plus leur implication. Les retours de nos agents, de même que ceux des soignants, des patients et des résidents, sont d’ailleurs aujourd’hui très positifs, preuve, s’il en est, que nous avons visé juste. En ce qui me concerne, je suis heureux d’avoir pu montrer qu’il était possible, à l’hôpital, de mener des projets ambitieux et complexes dans des délais extrêmement courts, en créant un cadre de confiance qui permette à chacun de se sentir concerné par la construction d’une dynamique collective.
> Article publié dans l'édition de janvier d'Ehpadia à lire ici.
© Blanchisserie territoriale de Moselle Est