Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz. ©DR
Quels principaux sujets avez-vous traités à travers la hotline gériatrique des Alpes-Maritimes ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Les premiers jours, nous recevions de nombreuses questions sur la gestion du stress au sein des équipes. Les interrogations relatives aux résidents sont venues dans un second temps, et étaient principalement liées aux déambulations et aux troubles du comportement. Cet enjeu était particulièrement prégnant dans les établissements où il n’était pas possible de créer un espace Covid : déjà problématique en temps normal, la gestion des déambulations a alors été une réelle source de stress pour les équipes soignantes. Or enfermer les résidents à clé dans leur chambre pose un vrai problème d’éthique. Nous étions donc présents pour accompagner la mise en œuvre d’approches non médicamenteuse.
Quels conseils donnez-vous ici aux soignants ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : En période de confinement comme en temps normal, les troubles du comportement doivent faire l’objet d’une évaluation. Les causes sont-elles somatiques ? Sont-elles dues au stress des équipes ? Au manque de contact avec la famille ?... Au-delà de cette identification des causes sous-jacentes, plusieurs outils peuvent également être mis en place au sein d’un EHPAD pour limiter les risques de troubles psycho-comportementaux. Il est par exemple possible de proposer des activités sensorielles, via un chariot dédié permettant de stimuler l’odorat, la vue, le toucher ou l’ouïe. Cela demande, certes, du temps humain, mais ce type de techniques non médicamenteuses permet de limiter efficacement les troubles du comportement et les problématiques qui y sont associées.
Ces dernières semaines, on a également beaucoup parlé du syndrome de « glissement »…
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Ce syndrome, que nous devrions plutôt appeler « syndrome de déconditionnement », est bien connu des gériatres et du personnel des EHPAD. Il est caractérisé par une décompensation rapide de l’état général de la personne qui semble refuser inconsciemment de vivre. Les équipes sont formées à le détecter et ont, à mon sens, été encore plus attentives durant les semaines de confinement.
Le confinement maintenant terminé, avez-vous remarqué des changements dans l’état psychologique des personnes âgées ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : C’est indéniable, cette situation exceptionnelle a eu un impact important sur l’état psychologique de tout le monde. L’utilisation de termes forts, comme celui de « guerre » a d’ailleurs, chez certains, réveillé d’anciens psycho-traumatismes entraînant une grande anxiété voire des symptômes dépressifs.
Quelles réflexions cet épisode a-t-il engendré en matière de prise en charge psychologique des résidents ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Que ce soit au travers des recommandations de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) ou via la mise en place des hotlines gériatriques, la situation a permis à tous de se rendre compte de la nécessité de créer des outils de prise en charge médicale et psychologique des personnes âgées. En peu de temps, la filière gériatrique française a réussi à s’organiser. Aujourd’hui, l’enjeu est d’arriver à maintenir ces outils, mais aussi d’encourager les réflexions en matière d’éthique, au niveau du deuil ou, justement, de l’approche non médicamenteuse des soins.
Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici.
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Les premiers jours, nous recevions de nombreuses questions sur la gestion du stress au sein des équipes. Les interrogations relatives aux résidents sont venues dans un second temps, et étaient principalement liées aux déambulations et aux troubles du comportement. Cet enjeu était particulièrement prégnant dans les établissements où il n’était pas possible de créer un espace Covid : déjà problématique en temps normal, la gestion des déambulations a alors été une réelle source de stress pour les équipes soignantes. Or enfermer les résidents à clé dans leur chambre pose un vrai problème d’éthique. Nous étions donc présents pour accompagner la mise en œuvre d’approches non médicamenteuse.
Quels conseils donnez-vous ici aux soignants ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : En période de confinement comme en temps normal, les troubles du comportement doivent faire l’objet d’une évaluation. Les causes sont-elles somatiques ? Sont-elles dues au stress des équipes ? Au manque de contact avec la famille ?... Au-delà de cette identification des causes sous-jacentes, plusieurs outils peuvent également être mis en place au sein d’un EHPAD pour limiter les risques de troubles psycho-comportementaux. Il est par exemple possible de proposer des activités sensorielles, via un chariot dédié permettant de stimuler l’odorat, la vue, le toucher ou l’ouïe. Cela demande, certes, du temps humain, mais ce type de techniques non médicamenteuses permet de limiter efficacement les troubles du comportement et les problématiques qui y sont associées.
Ces dernières semaines, on a également beaucoup parlé du syndrome de « glissement »…
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Ce syndrome, que nous devrions plutôt appeler « syndrome de déconditionnement », est bien connu des gériatres et du personnel des EHPAD. Il est caractérisé par une décompensation rapide de l’état général de la personne qui semble refuser inconsciemment de vivre. Les équipes sont formées à le détecter et ont, à mon sens, été encore plus attentives durant les semaines de confinement.
Le confinement maintenant terminé, avez-vous remarqué des changements dans l’état psychologique des personnes âgées ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : C’est indéniable, cette situation exceptionnelle a eu un impact important sur l’état psychologique de tout le monde. L’utilisation de termes forts, comme celui de « guerre » a d’ailleurs, chez certains, réveillé d’anciens psycho-traumatismes entraînant une grande anxiété voire des symptômes dépressifs.
Quelles réflexions cet épisode a-t-il engendré en matière de prise en charge psychologique des résidents ?
Dr Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz : Que ce soit au travers des recommandations de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) ou via la mise en place des hotlines gériatriques, la situation a permis à tous de se rendre compte de la nécessité de créer des outils de prise en charge médicale et psychologique des personnes âgées. En peu de temps, la filière gériatrique française a réussi à s’organiser. Aujourd’hui, l’enjeu est d’arriver à maintenir ces outils, mais aussi d’encourager les réflexions en matière d’éthique, au niveau du deuil ou, justement, de l’approche non médicamenteuse des soins.
Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici.