Vous avez été directeur de maison de retraite dans les années 1990. Selon vous, comment le métier a-t-il évolué depuis cette période ?
Jean-Pierre Riso : En 25 ans, il est indéniable que le métier de directeur d'établissement pour personnes âgées s'est transformé, essentiellement en raison d'une hausse des normes d'une part et du changement de profil des publics accueillis d'autre part. Au gré des textes successifs, les directeurs ont effectivement dû composer avec une augmentation exponentielle des contraintes administratives et réglementaires. Si ces dernières peuvent être liées directement à leur cœur de métier, de plus en plus s'avèrent extrêmement chronophages. Cette lourdeur administrative quotidienne éloigne le directeur de ses missions premières, à savoir la gestion de l’établissement pour bien accompagner les résidents et encadrer les équipes. Malheureusement, j'ai le sentiment que la situation ne fait qu'empirer, d'autant que le secteur souffre d'un réel manque d'équipes d'encadrement intermédiaires.
Qu'en est-il du profil des personnes accueillies et à quelles autres difficultés les directeurs sont-ils confrontés ?
J-P. R. : Les personnes accueillies sont beaucoup plus âgées et en perte d’autonomie, et ce, dès leur entrée dans l'établissement. Il s'agit là d'une problématique majeure pour les directeurs, qui vient s'ajouter à des difficultés de recrutement et de fidélisation des personnels soignants. De quoi conduire à une certaine forme d'instabilité dans l'accompagnement des résidents. Il faut dire que ces métiers, qui sont par essence des métiers de passion, sont, en l'état actuel des choses, de plus en plus difficiles à exercer avec passion. Pour le directeur, toutes ces difficultés, additionnées les unes aux autres, viennent impacter fortement l'exercice de ses missions.
En temps que fédération qui regroupe tous types d'établissements, constatez-vous des différences en fonction de leur statut ?
J-P. R. : Les contraintes transcendent les statuts, en particulier pour les directeurs, car leur cœur de métier est identique : prendre soin de personnes très fragilisées par le biais d'actes de soins mais également d'actes de vie. En la matière, je pense qu'il faut redonner toute sa dimension médico-sociale au métier de directeur d'EHPAD. C'est d'ailleurs pour cette raison que je préférais le terme de maison de retraite à celui d'EHPAD qui ne comporte aucunement cette notion de domicile. A mon sens, le rôle d'un directeur consiste avant tout à assurer cet équilibre entre lieu de vie et lieu de soins, ce qui demande des qualités en termes de gestion, de management mais également une certaine propension à l'innovation. Je suis en effet persuadé que l'innovation représente une part importante de l'évolution de la profession et permettra de répondre à nombre d'objectifs prospectifs. Toutefois, les relations avec les autorités de financements peuvent être sources de frustration sur le terrain, car si certaines ARS acceptent de financer de l'innovation, d'autres ne considèrent pas encore assez qu'elle a sa place dans le médico-social.
Jean-Pierre Riso : En 25 ans, il est indéniable que le métier de directeur d'établissement pour personnes âgées s'est transformé, essentiellement en raison d'une hausse des normes d'une part et du changement de profil des publics accueillis d'autre part. Au gré des textes successifs, les directeurs ont effectivement dû composer avec une augmentation exponentielle des contraintes administratives et réglementaires. Si ces dernières peuvent être liées directement à leur cœur de métier, de plus en plus s'avèrent extrêmement chronophages. Cette lourdeur administrative quotidienne éloigne le directeur de ses missions premières, à savoir la gestion de l’établissement pour bien accompagner les résidents et encadrer les équipes. Malheureusement, j'ai le sentiment que la situation ne fait qu'empirer, d'autant que le secteur souffre d'un réel manque d'équipes d'encadrement intermédiaires.
Qu'en est-il du profil des personnes accueillies et à quelles autres difficultés les directeurs sont-ils confrontés ?
J-P. R. : Les personnes accueillies sont beaucoup plus âgées et en perte d’autonomie, et ce, dès leur entrée dans l'établissement. Il s'agit là d'une problématique majeure pour les directeurs, qui vient s'ajouter à des difficultés de recrutement et de fidélisation des personnels soignants. De quoi conduire à une certaine forme d'instabilité dans l'accompagnement des résidents. Il faut dire que ces métiers, qui sont par essence des métiers de passion, sont, en l'état actuel des choses, de plus en plus difficiles à exercer avec passion. Pour le directeur, toutes ces difficultés, additionnées les unes aux autres, viennent impacter fortement l'exercice de ses missions.
En temps que fédération qui regroupe tous types d'établissements, constatez-vous des différences en fonction de leur statut ?
J-P. R. : Les contraintes transcendent les statuts, en particulier pour les directeurs, car leur cœur de métier est identique : prendre soin de personnes très fragilisées par le biais d'actes de soins mais également d'actes de vie. En la matière, je pense qu'il faut redonner toute sa dimension médico-sociale au métier de directeur d'EHPAD. C'est d'ailleurs pour cette raison que je préférais le terme de maison de retraite à celui d'EHPAD qui ne comporte aucunement cette notion de domicile. A mon sens, le rôle d'un directeur consiste avant tout à assurer cet équilibre entre lieu de vie et lieu de soins, ce qui demande des qualités en termes de gestion, de management mais également une certaine propension à l'innovation. Je suis en effet persuadé que l'innovation représente une part importante de l'évolution de la profession et permettra de répondre à nombre d'objectifs prospectifs. Toutefois, les relations avec les autorités de financements peuvent être sources de frustration sur le terrain, car si certaines ARS acceptent de financer de l'innovation, d'autres ne considèrent pas encore assez qu'elle a sa place dans le médico-social.
Comment alors favoriser le développement de cet équilibre entre lieu de vie et lieu de soins ?
J-P. R. : Je crois qu'il est extrêmement dangereux de déconnecter le directeur de la réalité du terrain, ce qui suppose qu'il ne peut pas passer l'intégralité de son temps derrière un bureau. Pour autant je ne suis pas dogmatique, le tout est question de trouver les bons équilibres. Je crois notamment beaucoup au rôle des territoires. Dans les départements ruraux par exemple, il existe déjà des modes de fonctionnement qui échappent aux modèles établis, mais qui pour autant fonctionnent et correspondent aux besoins locaux. Un directeur doit donc savoir s'ouvrir à tout ce qui existe sur son territoire. Si l'exercice de sa fonction est difficile, elle n'en reste pas moins passionnante, car elle laisse beaucoup de place à l'initiative.
Quels sont les enjeux à venir pour la profession ?
J-P. R. : S'il faut évidemment trouver urgemment des moyens de financement pérennes et suffisants pour les établissements, l'un des principaux enjeux pour l'avenir est le développement de nouvelles formes d'accueil. Il faut en effet être en capacité de réfléchir aux modèles de demain qui passeront, j'en suis certain, par le décloisonnement. Il s’agit de repenser notre approche pour s'adapter au mieux aux véritables besoins des établissements. En la matière, je crois beaucoup dans la souplesse des formes d'accueil. C'est d'ailleurs pour cette raison que sans être en totale opposition avec les logiques de regroupements actuelles, je ne suis pas convaincu que les grands groupements puissent être une réponse satisfaisante partout.
Pour terminer, quels conseils donneriez-vous aux directeurs qui sont en proie aux difficultés ?
J-P. R. : De se tourner vers les associations sur le territoire ! Le travail d'une fédération comme la nôtre est justement de construire des réponses aux questionnements de ses adhérents, car il s'agit d'un métier très polyvalent qui demande de nombreuses compétences techniques poussées, sur des sujets aussi divers que la gestion, le management, la communication, le droit social ou encore l'architecture. Les fonctions d'un directeur peuvent donc très vite devenir épuisantes si ce dernier ne bénéficie pas de ressources et de soutiens pour l'accompagner. Nous insistons donc sur le fait qu'il ne faut pas hésiter à solliciter les experts de la FNADEPA. Notre réseau offre également des lieux d'échanges au niveau départemental et permet donc d'engager un véritable travail collaboratif entre les différents acteurs du territoire.
J-P. R. : Je crois qu'il est extrêmement dangereux de déconnecter le directeur de la réalité du terrain, ce qui suppose qu'il ne peut pas passer l'intégralité de son temps derrière un bureau. Pour autant je ne suis pas dogmatique, le tout est question de trouver les bons équilibres. Je crois notamment beaucoup au rôle des territoires. Dans les départements ruraux par exemple, il existe déjà des modes de fonctionnement qui échappent aux modèles établis, mais qui pour autant fonctionnent et correspondent aux besoins locaux. Un directeur doit donc savoir s'ouvrir à tout ce qui existe sur son territoire. Si l'exercice de sa fonction est difficile, elle n'en reste pas moins passionnante, car elle laisse beaucoup de place à l'initiative.
Quels sont les enjeux à venir pour la profession ?
J-P. R. : S'il faut évidemment trouver urgemment des moyens de financement pérennes et suffisants pour les établissements, l'un des principaux enjeux pour l'avenir est le développement de nouvelles formes d'accueil. Il faut en effet être en capacité de réfléchir aux modèles de demain qui passeront, j'en suis certain, par le décloisonnement. Il s’agit de repenser notre approche pour s'adapter au mieux aux véritables besoins des établissements. En la matière, je crois beaucoup dans la souplesse des formes d'accueil. C'est d'ailleurs pour cette raison que sans être en totale opposition avec les logiques de regroupements actuelles, je ne suis pas convaincu que les grands groupements puissent être une réponse satisfaisante partout.
Pour terminer, quels conseils donneriez-vous aux directeurs qui sont en proie aux difficultés ?
J-P. R. : De se tourner vers les associations sur le territoire ! Le travail d'une fédération comme la nôtre est justement de construire des réponses aux questionnements de ses adhérents, car il s'agit d'un métier très polyvalent qui demande de nombreuses compétences techniques poussées, sur des sujets aussi divers que la gestion, le management, la communication, le droit social ou encore l'architecture. Les fonctions d'un directeur peuvent donc très vite devenir épuisantes si ce dernier ne bénéficie pas de ressources et de soutiens pour l'accompagner. Nous insistons donc sur le fait qu'il ne faut pas hésiter à solliciter les experts de la FNADEPA. Notre réseau offre également des lieux d'échanges au niveau départemental et permet donc d'engager un véritable travail collaboratif entre les différents acteurs du territoire.
LA FNADEPA
Créée en 1985, la Fédération Nationale des Associations de Directeurs d’Établissements et services pour Personnes Âgées est à la tête d'un réseau de 1200 adhérents rassemblés en associations départementales et régionales. Elle est la seule fédération à regrouper les directeurs d’établissements et de services pour personnes âgées tous statuts confondus – public, privé, associatif.
Cet article à été publié dans le numéro 11 du magazine Ehpadia à consulter en intégralité ici
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