Pourriez-vous, pour commencer, nous présenter l’EHPAD Le Monastère ?
Nathalie Maubert : Implanté à Azérable, aux confins de la Creuse, de la Haute-Vienne et de l’Indre, cet établissement opéré par la Fondation Cémavie – qui regroupe 9 autres EHPAD, pour leur part situés en Loire-Atlantique – accueille 73 résidents, en hébergement temporaire et définitif. Son équipe est composée d’une infirmière coordinatrice (IDEC), 4 infirmiers diplômés d’État (IDE), 23 aides-soignants (AS), 12 agents de service hospitalier (ASH) et un responsable hôtelier. Depuis le mois de juin 2020, donc au sortir de la première vague Covid, nous bénéficions d’un accompagnement par l’équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) du Centre Hospitalier de Guéret, matérialisé par l’intervention régulière d’une infirmière hygiéniste qui, une à deux fois par mois, mène des actions d’audits et de formation au sein de la Résidence.
Comment en êtes-vous venus à participer à la campagne « Les professionnels s’engagent » pour leurs patients et la prévention des infections associées aux soins ?
Depuis notre rattachement à l’EOH de Guéret, nous avons mené un certain nombre d’actions autour de la prévention du risque infectieux, avec notamment l’appui des outils développés par le RéPias. Lorsque la mission MATIS a lancé sa campagne 2023 pour la Journée mondiale de l’hygiène des mains, l’infirmière hygiéniste intervenant au sein de notre établissement nous a proposé d’y participer. Nous avons donc imaginé un parcours en plusieurs étapes avec, pour objectif final, la réalisation d’une affiche originale. L’idée d’un clin d’œil à la série culte « Game of Thrones » est venue des aides-soignantes. Notre projet est donc devenu « Game of SHA », en référence à la solution hydro-alcoolique. Il s’agissait de « conquérir » les bonnes pratiques d’hygiène des mains pour mener notre infirmière hygiéniste jusqu’au trône de fer !
De quelle manière s’est organisée cette « conquête » ?
Le chemin était semé d’embûches. Il nous fallait par exemple réaliser un état des lieux quantitatif de l’utilisation des produits hydro-alcoolique, en écho à l’enquête nationale de la mission PRIMO, mais aussi travailler sur les 5 moments de l’hygiène des mains, notamment à travers une chambre des erreurs, organiser une journée de sensibilisation auprès des équipes, des résidents et de leurs familles, tester et améliorer nos connaissances en matière de précautions standards grâce à « I.Control », le serious game du RéPias, former des référents en hygiène – c’est déjà le cas de quatre aides-soignantes, bientôt suivies de deux autres –, etc. Toutes ces missions s’inscrivent dans la continuité des axes d’amélioration identifiés à la suite des audits effectués par l’infirmière hygiéniste. Avec le projet « Game of SHA », elles ont toutefois acquis une dimension ludique, ce qui a permis d’initier une réelle dynamique collective et donc de renforcer l’engagement des équipes en faveur des bonnes pratiques d’hygiène. Pas moins de 25 personnes ont d’ailleurs participé au projet !
Leur regard sur les bonnes pratiques d’hygiène s’est-il modifié ?
« Game of SHA » a assurément eu un effet fédérateur. Mais, plus que ce projet, c’est la survenue de la crise Covid, et surtout l’accompagnement par l’EOH de Guéret, qui ont permis de replacer l’hygiène hospitalière au cœur de nos pratiques. Nous bénéficions désormais d’une démarche structurée, avec la réalisation d’un audit mensuel autour d’une thématique donnée, l’identification des axes d’amélioration et l’appui à leur mise en œuvre. Les interventions de l’infirmière hygiéniste sont d’ailleurs très bien accueillies par les équipes de l’EHPAD, car son approche est à la fois bienveillante et constructive. Nous avons beaucoup de chance !
Sur quelles autres thématiques travaillez-vous ensemble ?
Les sujets adressés sont nombreux, la toilette des résidents, le sondage vésical, l’utilisation des antiseptiques, la gestion des excrétats, celle des déchets… Tous font écho à notre démarche d’analyse et de maîtrise du risque infectieux (DAMRI), mais nous essayons d’inscrire nos réflexions dans une vision transversale, pour par exemple prendre également en compte leur dimension sociale et environnementale. Ainsi, lors de nos travaux sur la gestion des excrétats, nous nous étions interrogés sur l’opportunité de nous équiper de bassins réutilisables, et donc de laveurs-désinfecteurs. L’idée a été abandonnée à la suite de l’analyse préalable menée avec l’infirmière hygiéniste : nos consommations énergétiques – en eau et électricité – auraient sensiblement augmenté, de même que la charge de travail et la pénibilité de nos équipes.
Un mot sur vos projets pour les semaines et mois à venir ?
Nous prévoyons plusieurs animations autour de la prévention du risque infectieux. Nous comptons ainsi organiser une nouvelle chambre des erreurs autour de l’hygiène des mains, à destination des professionnels qui n’avaient pas pu la tester la fois précédente. Notre infirmière hygiéniste nous a également proposé un escape game autour des précautions standards et complémentaires, qu’il nous faut à présent personnaliser pour l’adapter à notre établissement. Nous avons en outre plusieurs idées pour la prochaine Journée mondiale de l’hygiène des mains, avec la volonté de mettre cette année l’accent sur les résidents et leurs familles. Surtout, nous sommes très impatients de participer au prochain concours du RéPias, et espérons un nouveau prix qui viendra valoriser et reconnaître l’engagement de nos équipes !
> Article paru dans Ehpadia #35, édition d’avril 2024, à lire ici
Nathalie Maubert : Implanté à Azérable, aux confins de la Creuse, de la Haute-Vienne et de l’Indre, cet établissement opéré par la Fondation Cémavie – qui regroupe 9 autres EHPAD, pour leur part situés en Loire-Atlantique – accueille 73 résidents, en hébergement temporaire et définitif. Son équipe est composée d’une infirmière coordinatrice (IDEC), 4 infirmiers diplômés d’État (IDE), 23 aides-soignants (AS), 12 agents de service hospitalier (ASH) et un responsable hôtelier. Depuis le mois de juin 2020, donc au sortir de la première vague Covid, nous bénéficions d’un accompagnement par l’équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) du Centre Hospitalier de Guéret, matérialisé par l’intervention régulière d’une infirmière hygiéniste qui, une à deux fois par mois, mène des actions d’audits et de formation au sein de la Résidence.
Comment en êtes-vous venus à participer à la campagne « Les professionnels s’engagent » pour leurs patients et la prévention des infections associées aux soins ?
Depuis notre rattachement à l’EOH de Guéret, nous avons mené un certain nombre d’actions autour de la prévention du risque infectieux, avec notamment l’appui des outils développés par le RéPias. Lorsque la mission MATIS a lancé sa campagne 2023 pour la Journée mondiale de l’hygiène des mains, l’infirmière hygiéniste intervenant au sein de notre établissement nous a proposé d’y participer. Nous avons donc imaginé un parcours en plusieurs étapes avec, pour objectif final, la réalisation d’une affiche originale. L’idée d’un clin d’œil à la série culte « Game of Thrones » est venue des aides-soignantes. Notre projet est donc devenu « Game of SHA », en référence à la solution hydro-alcoolique. Il s’agissait de « conquérir » les bonnes pratiques d’hygiène des mains pour mener notre infirmière hygiéniste jusqu’au trône de fer !
De quelle manière s’est organisée cette « conquête » ?
Le chemin était semé d’embûches. Il nous fallait par exemple réaliser un état des lieux quantitatif de l’utilisation des produits hydro-alcoolique, en écho à l’enquête nationale de la mission PRIMO, mais aussi travailler sur les 5 moments de l’hygiène des mains, notamment à travers une chambre des erreurs, organiser une journée de sensibilisation auprès des équipes, des résidents et de leurs familles, tester et améliorer nos connaissances en matière de précautions standards grâce à « I.Control », le serious game du RéPias, former des référents en hygiène – c’est déjà le cas de quatre aides-soignantes, bientôt suivies de deux autres –, etc. Toutes ces missions s’inscrivent dans la continuité des axes d’amélioration identifiés à la suite des audits effectués par l’infirmière hygiéniste. Avec le projet « Game of SHA », elles ont toutefois acquis une dimension ludique, ce qui a permis d’initier une réelle dynamique collective et donc de renforcer l’engagement des équipes en faveur des bonnes pratiques d’hygiène. Pas moins de 25 personnes ont d’ailleurs participé au projet !
Leur regard sur les bonnes pratiques d’hygiène s’est-il modifié ?
« Game of SHA » a assurément eu un effet fédérateur. Mais, plus que ce projet, c’est la survenue de la crise Covid, et surtout l’accompagnement par l’EOH de Guéret, qui ont permis de replacer l’hygiène hospitalière au cœur de nos pratiques. Nous bénéficions désormais d’une démarche structurée, avec la réalisation d’un audit mensuel autour d’une thématique donnée, l’identification des axes d’amélioration et l’appui à leur mise en œuvre. Les interventions de l’infirmière hygiéniste sont d’ailleurs très bien accueillies par les équipes de l’EHPAD, car son approche est à la fois bienveillante et constructive. Nous avons beaucoup de chance !
Sur quelles autres thématiques travaillez-vous ensemble ?
Les sujets adressés sont nombreux, la toilette des résidents, le sondage vésical, l’utilisation des antiseptiques, la gestion des excrétats, celle des déchets… Tous font écho à notre démarche d’analyse et de maîtrise du risque infectieux (DAMRI), mais nous essayons d’inscrire nos réflexions dans une vision transversale, pour par exemple prendre également en compte leur dimension sociale et environnementale. Ainsi, lors de nos travaux sur la gestion des excrétats, nous nous étions interrogés sur l’opportunité de nous équiper de bassins réutilisables, et donc de laveurs-désinfecteurs. L’idée a été abandonnée à la suite de l’analyse préalable menée avec l’infirmière hygiéniste : nos consommations énergétiques – en eau et électricité – auraient sensiblement augmenté, de même que la charge de travail et la pénibilité de nos équipes.
Un mot sur vos projets pour les semaines et mois à venir ?
Nous prévoyons plusieurs animations autour de la prévention du risque infectieux. Nous comptons ainsi organiser une nouvelle chambre des erreurs autour de l’hygiène des mains, à destination des professionnels qui n’avaient pas pu la tester la fois précédente. Notre infirmière hygiéniste nous a également proposé un escape game autour des précautions standards et complémentaires, qu’il nous faut à présent personnaliser pour l’adapter à notre établissement. Nous avons en outre plusieurs idées pour la prochaine Journée mondiale de l’hygiène des mains, avec la volonté de mettre cette année l’accent sur les résidents et leurs familles. Surtout, nous sommes très impatients de participer au prochain concours du RéPias, et espérons un nouveau prix qui viendra valoriser et reconnaître l’engagement de nos équipes !
> Article paru dans Ehpadia #35, édition d’avril 2024, à lire ici