Un « sujet de bonne femme ». Quand, en 2018, Audrey Dufeu commence à s’intéresser à la question de l’âgisme, elle est d’abord la risée de certains parlementaires. « On me disait que cette politique était complètement hors sujet », se remémore-t-elle. Pas de quoi impressionner la Nazairienne, qui surfe sur la parution du rapport Libault et profite des oreilles attentives d’Édouard Philippe et Agnès Buzyn pour obtenir la rédaction du rapport « Réussir la transition démographique et lutter contre l’âgisme ».
L’âgisme en ligne de mire
L’idée de ce combat contre un « fléau » qu’elle compare au sexisme et au racisme, naît au moment du mouvement des gilets jaunes, suite aux échanges qu’elle a avec certains d’entre eux au sein de sa permanence. « Je sentais qu’il y avait une confrontation forte entre les générations. Les jeunes accusaient les vieux, les vieux accusaient les jeunes, et je me suis dit qu’il fallait travailler sur cette fracture générationnelle qui pointait ».
C’est le point de départ d’une mission qu’elle documente en lisant beaucoup. Psychologie, sociologie, philosophie… Pour celle qui s’en réfère au sociologue Edgar Morin, l’appréhension de l’âgisme devient alors un formidable terrain de travail, lui permettant de s’affranchir d’une approche politique purement technique, qui selon elle ne parle pas aux Français. En découle le rapport désormais associé à son nom, puis en mars 2021, le dépôt d’une proposition de loi, comprenant 17 articles « qui ne coûtaient pas un centime » tient-elle à préciser.
C’est le point de départ d’une mission qu’elle documente en lisant beaucoup. Psychologie, sociologie, philosophie… Pour celle qui s’en réfère au sociologue Edgar Morin, l’appréhension de l’âgisme devient alors un formidable terrain de travail, lui permettant de s’affranchir d’une approche politique purement technique, qui selon elle ne parle pas aux Français. En découle le rapport désormais associé à son nom, puis en mars 2021, le dépôt d’une proposition de loi, comprenant 17 articles « qui ne coûtaient pas un centime » tient-elle à préciser.
« Donner aux gens la capacité de croire en eux »
Par ses actions, la députée entend « donner l’espérance et la certitude que vieillir est plutôt une chance et une bonne chose pour notre société ». Un travail de longue haleine requérant, elle le sait, un changement de mentalités à tous les niveaux : sphère sociétale, entourage élargi, mais également et surtout à l’échelle individuelle. Car « l’âgisme naît aussi de cette capacité individuelle que les gens n’ont pas d’affirmer ce qu’ils veulent. On le voit bien, face aux discriminations liées à l’âge, beaucoup de personnes âgées se résignent et disent que c’est déjà bien que l’on s’occupe d'elles », analyse-t-elle.
« Donner aux gens la capacité de croire en eux », de se réapproprier leurs choix et leurs désirs… Qu’il s’agisse de lutte contre les addictions, d’enfance ou d’âgisme, avec le recul, l’élue perçoit dans ces concepts, le fil rouge des combats qu’elle mène depuis cinq ans au sein de l’hémicycle et de la Commission des affaires sociales dont elle est l’un des quatre vice-présidents. Un leitmotiv qui résonne d’ailleurs avec son propre parcours et la décision l’ayant amenée à se retrouver, à l’été 2017, parmi le contingent de députés LREM issus de la société civile débarquant sur les bancs de l’Assemblée nationale.
« Donner aux gens la capacité de croire en eux », de se réapproprier leurs choix et leurs désirs… Qu’il s’agisse de lutte contre les addictions, d’enfance ou d’âgisme, avec le recul, l’élue perçoit dans ces concepts, le fil rouge des combats qu’elle mène depuis cinq ans au sein de l’hémicycle et de la Commission des affaires sociales dont elle est l’un des quatre vice-présidents. Un leitmotiv qui résonne d’ailleurs avec son propre parcours et la décision l’ayant amenée à se retrouver, à l’été 2017, parmi le contingent de députés LREM issus de la société civile débarquant sur les bancs de l’Assemblée nationale.
Du terrain à la politique
Ayant toujours su qu’elle voulait travailler dans la santé., Audrey Dufeu débute en effet sa carrière en tant qu’infirmière. « J’étais une bonne technicienne, je pense. J’adorais faire les piqûres comme on dit, mais là où je me suis le plus découverte c’est dans la relation à l’autre ». Sa volonté de mieux faire marcher son service la pousse très rapidement à endosser des responsabilités d’encadrement. Mais avec les idées de projets qu’elle a en tête, ce n’est pas encore assez. Alors, en 2014, elle décide d’entreprendre un Master 2 Management des pôles hospitaliers et des fonctions transversales à l’IFROSS (Institut de Formation et de Recherche sur les Organisations Sanitaires et Sociales) de Lyon, lui permettant de reprendre la direction du SSR dans lequel elle travaillait depuis 10 ans.
Ce nouveau passage par la case études fait office de déclic. « Ça m’a ouvert l’esprit. En me prouvant que j’étais capable de faire, de produire, d’écrire, ça m’a donné l’envie de croire en moi »… Et d’assumer l’envie d’entrer en politique qu’elle avait en réalité toujours eue. Deux autres facteurs, plus conjoncturels, l’inciteront à sauter le pas : l’appel aux femmes d'Emmanuel Macron visant à atteindre la parité lors des législatives de 2017 et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. « Je me suis dit, si l’on ne veut pas que cela arrive en France, que les extrêmes ou le populisme l’emportent, il faut que les uns et les autres, cette majorité silencieuse que nous sommes, nous nous relevions les manches ».
Ce nouveau passage par la case études fait office de déclic. « Ça m’a ouvert l’esprit. En me prouvant que j’étais capable de faire, de produire, d’écrire, ça m’a donné l’envie de croire en moi »… Et d’assumer l’envie d’entrer en politique qu’elle avait en réalité toujours eue. Deux autres facteurs, plus conjoncturels, l’inciteront à sauter le pas : l’appel aux femmes d'Emmanuel Macron visant à atteindre la parité lors des législatives de 2017 et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. « Je me suis dit, si l’on ne veut pas que cela arrive en France, que les extrêmes ou le populisme l’emportent, il faut que les uns et les autres, cette majorité silencieuse que nous sommes, nous nous relevions les manches ».
Poursuivre le combat du grand âge
Cinq plus tard, selon ses propres mots, Audrey Dufeu vit la politique comme une passion qui l’habite du matin au soir. Et ce n’est pas l’abandon de la loi Autonomie, dans laquelle nombre de ses travaux figuraient pourtant, qui aura eu raison de son fervent macronisme. Car passée « la frustration mais aussi l’acceptation » de ce revirement législatif sur fond de crise Covid, la jeune quadragénaire a bon espoir d’une issue favorable. « Il faut que cette loi arrive, mais cela doit se faire hors contexte de crise ».
« Tout ne s’en tient pas non plus à la loi. En tant que députés nous avons un pouvoir d’influence. Nous pouvons avoir accès à des personnes qui peuvent être clé dans l’impulsion d’une dynamique ». Un pouvoir dont elle compte bien encore user, en briguant son second mandat. Et si l’opportunité d’un ministère se présentait ? « Je dis oui à 200%. Si l’on veut changer les choses, il faut quand même être au cœur des décisions ».
Article publié dans le numéro d'avril d'Ehpadia à consulter ici
« Tout ne s’en tient pas non plus à la loi. En tant que députés nous avons un pouvoir d’influence. Nous pouvons avoir accès à des personnes qui peuvent être clé dans l’impulsion d’une dynamique ». Un pouvoir dont elle compte bien encore user, en briguant son second mandat. Et si l’opportunité d’un ministère se présentait ? « Je dis oui à 200%. Si l’on veut changer les choses, il faut quand même être au cœur des décisions ».
Article publié dans le numéro d'avril d'Ehpadia à consulter ici
Pour aller plus loin :
• Rapport « Réussir la transition démographique et lutter contre l’âgisme »
• Le vieillissement - À la croisée des projets, d’Audrey Dufeu et Gilles Berrut, octobre 2021, Les éditions du Cerf
• Rapport « Réussir la transition démographique et lutter contre l’âgisme »
• Le vieillissement - À la croisée des projets, d’Audrey Dufeu et Gilles Berrut, octobre 2021, Les éditions du Cerf